L’escadrille SAL 6 « La Mouette » fête ses 100 ans

« Les avions sont des jouets intéressants mais n’ont aucune utilité militaire » a dit, en 1911, celui qui deviendra, après la Grande Guerre, le maréchal Foch. Heureusement que son avis n’a pas été partagé à l’époque…

A partir de 1909, le ministère de la Guerre trouve au contraire que l’avion peut être très utile et il accorde 400.000 francs-or de budget à l’aéronautique militaire naissante. Ces ressources seront ensuite en forte augmentation pour atteindre les 7 millions deux ans plus tard.

Entre-temps, le 9 juin 1910, le lieutenant Albert Féquant et son observateur, le capitaine Charles Marconnet, décrochent un recond mondial de distance en aéroplane, comme on le disait à l’époque, en volant de Mourmelon à Vincennes à bord d’un Farman. Plus tard, des avions sont pour la première fois associés à de grandes manoeuvres. Et là, ils montrent tout leur intérêt, notamment pour l’observation à l’intention des artilleurs.

Et, la Loi du 29 mars 1912 établit l’Aéronautique militaire comme Arme à part entière, mais sous l’autorité de l’armée de Terre (la naissance de l’armée de l’Air aura lieu en 1934). C’est ainsi que plusieurs escadrilles vont être créées la même année et certaines d’entre elles sont encore actives, comme la SPA 3 (GC 1/2 Cigognes), la SPA 15 (EC 1/7 Provence), la SAL 1 (actuellement escadrille « Renseignement » de EEA 54 Dunkerque), la SAL 8 (ET 1/62 Vercors) et la SAL 6 (2/33 Savoie).

Les lettres associés au numéro de chaque escadrille correspondent aux constructeurs des avions dont elles étaient alors dotées. Ainsi, la SAL 6 (Salmson) s’est successivement appelée D-6 (au début, elle était équipée d’appareils Deperdussin) et C-6 (Caudron).

Créée à Reims, l’escadrille SAL 6, qui a compté dans ses rangs le lieutenant Brocard, chef en devenir de l’escadrille des Cigognes ainsi que le futur général Chambe, passé du 20e Dragons à l’aviation, participe quasiment à toutes les grandes batailles de la guerre 14-18 en menant des missions de reconnaissance et obtient 5 victoires, dont seulement 2 ont été homologuées.

Après le conflit, la SAL 6 est dissoute avant d’être finalement recréé en 1920 pour devenir la 16ème escadrille du 5ème groupe du 33ème Régiment d’Aviation. Affectée en Allemagne, dans les régions de la Ruhr et de la Rhénanie, elle prend pour insigne une mouette du Rhin traversant un anneau bleu (couleur de la reconnaissance).

En 1930, la SAL 6 devient le Groupe de Reconnaissance II/33, lequel deviendra, en 1945, le GR2/33 « Savoie », puis 9 ans plus tard, l’Escadron de reconnaissance tactique 2/33 Savoie, qui, avec ses 3 esadrilles ( SAL-6, BR-11 et C-53) est actuellement basé à Mont-de-Marsan.

L’an passé, cette unité a démontré l’étendue de ses capacités, avec ses Mirage F1, lors de l’opération Harmattan, en Libye. Seulement, le retrait annoncé de ses appareils rend incertain l’avenir du 2/33 Savoie.

Quoi qu’il en soit, l’escadron va commémorer, ce 22 juin, le centenaire de l’escadrille SAL 6 avec une exposition photographique retraçant son histoire, des remises d’insignes aux « aspirants mouette » et le parrainage du personnel de l’Escadron des services de la circulation aérienne (ESCA) par celui du 2/33 Savoie.

Cette cérémonie du centenaire sera présidée par le général d’armée aérienne Patrick de Rousiers, actuellement inspecteur général de l’armée de l’Air. A noter qu’un des Mirage F1 de l’escadron a reçu une livrée spéciale pour cet évènement (voir photo). Le blog « Avions Légendaires » précise qu’il s’agit de l’appareil codé 33-FB, sur lequel ont été reproduits tous les avions qui ont équipé la SAL 6 depuis sa création (Deperdussin, Salmson, Breguet XIV, Potez 542, Mustang, RF-84F Thunderflash, Mirage III-R sur le côté droit et Caudron G3, Potez 63 et Spitfire sur celui de gauche).

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]