Les actes de piraterie sont en net recul au large de la Somalie

Selon la mission européenne Atalante, les actes de piraterie au large des côtes somaliennes sont en sensible diminution, grâce notamment à la présence de forces navales dans le secteur.

Ainsi, pour l’amiral français Jean-Baptiste Dupuis, qui commande depuis avril dernier, la force Atalante depuis le Batiment de commandement et de ravitaillement (BCR) Marne,  » il y a (globalement) une amélioration de la situation depuis plusieurs années.

En 2009, année à partir de laquelle l’opération Atalante a commencé, 163 attaques de pirates avaient été constatées dans la zone, contre 31 pour le premier semestre 2012, pendant lequel 5 navires ont été détournés alors que 46 furent capturés trois ans plus tôt et 28 au cours des 6 premiers mois de l’année 2011.

« Le nombre de bateaux piratés a diminué grâce à la généralisation des mesures de protection passive adoptées par les navires de commerce » ainsi qu’à l’action des forces navales déplyées dans l’océan Indien, a estimé l’amiral Dupuis.

D’après l’officier français, 4 raisons expliquent cette nette baisse des actes de piraterie. En premier lieu, il y a l’action militaire, menée par les opérations Atalante (UE) et Ocean Shield (Otan), ainsi que par des bâtiments chinois, japonais, sud-coréens ou encore américains. Au total, 30 à 40 navires de guerre naviguent dans cette zone de près de 17 millions de km2.

Ensuite, les bateaux de commerce qui transitent par ce secteur ont adopté des « mesures de protection passives », dont la première consiste à s’enregistrer à Bahrein afin de permettre de suivre leurs déplacements. L’ajout de protections supplémentaires comme la pose de barbelés le long des navires ainsi que la mise en place de canons à eau vise à empêcher les attaques. Ou du moins à les rendre plus compliquées pour les pirates.

La troisième raison est « la présence croissante d’équipes de protection privées à bord des bateaux ». D’après l’amiral Dupuis, 30% des navires embarquent des équipes de ce type, armées ou non, lesquelles « apportent une dissuasion initiale à l’attaque ». A noter que les bâtiments français ne sont pas autorisés à avoir recours à ces gardes privés. En revanche, leurs armateurs peuvent avoir recours à des « Equipes de protection embarquées » (EPE), fournies par la Marine nationale.

Enfin, le dernier facteur est l’accompagnement des »autorités somaliennes et régionales » en matière de formation des personnels de leurs forces de sécurité.

Cela étant, le commandant de l’opération Atalante, l’amiral britannique Duncan Potts, a averti, que les progrès enregistrés contre les pirates somaliens sont « réversibles » et qu’il est important de maintenir la pression.

« Oui, nous avons mis la pression sur les pirates mais je pense, maintenant que nous nous félicitons des succès tactiques, qu’il est important d’accroître cette pression » a-t-il dit, le 19 juin, lors d’une conférence à Bruxelles.

Ce que l’Union européenne a notamment fait, en autorisant la force Atalante à réaliser, si nécessaire, des frappes côtières pour détruire le potentiel des pirates. C’est ce qu’a d’ailleurs fait un hélicoptère espagnol de la mission européenne, le 15 mai dernier.

A noter au passage que ces nouvelles règles d’engagement ne plaisent pas à tout le monde, ce qui explique, par exemple, que les Pays Bas préférent mettre leurs moyens navals dans l’opération de l’Otan plutôt que d’en donner à Atalante…

Quoi qu’il en soit, l’amiral Potts a expliqué que l’objectif de l’UE est « d’augmenter la pression militaire tout en cherchant à améliorer la gouvernance et la sécurité dans la Corne de l’Afrique ainsi qu’à fournir des moyens de subsistance alternatifs aux Somaliens ».

« Il n’ya pas de solution miracle pour lutter contre la piraterie. Vous devez tirer sur tous les leviers qu’ils soient judicaires, financiers, militaires ou liés à la gouvernance. L’UE peut tire un grand nombre de ces leviers » a-t-il expliqué.

Aussi, l’UE compte s’en prendre au modèle économique des pirates, en visant leurs transactions financières, leurs achats d’actifs et l’argent qu’ils obtiennent par le paiement des rançons ou bien encore en saisissant leurs navires.

Certains pirates ont en effet amassé des fortunes, comme Garaad Mohammed, considéré, en 2010, comme le 4ème des 100 acteurs les importants du transport maritime mondial. « Nous sommes là pour faire des affaires juteuses » avait-il déclaré au quotidien spécialisé Lloyd’s.

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