Alain Juppé : Ce n’est pas le moment de se « mettre à poil sur le plan de la défense » (MàJ)

Ancien Premier ministre ayant notamment été, pendant le quiquennat du président Sarkozy, ministre de la Défense puis des Affaires étrangères, Alain Juppé a réagi, ce 20 juin, à l’antenne d’Europe1, à la proposition faite par Michel Rocard, également passé par Matignon, de supprimer la dissuasion nucléaire française afin de dégager des ressources pour ramener le déficit des finances publiques à 3% du PIB en 2013.

« Observez l’état du monde : il est paisible, il n’y a pas de menace, pas de risques de prolifération nucléaire…donc il est bien le moment de se mettre à poil sur le plan de la défense » a-t-il ainsi répondu, non sans ironie.

« C’est irresponsable » a-t-il poursuivi, avant d’estimer qu’il y a « d’autres façons de trouver des milliards ». « C’est d’abord de ne pas augmenter les dépenses en créant des milliers d’emplois de fonctionnaires supplémentaires et c’est ensuite de rechercher des économies comme nous l’avons fait en 2011 où nous avons atteint les objectifs que nous nous étions fixés en matière de réduction des déficits » a-t-il expliqué.

« Je le répète : ce serait une très grave erreur stratégique que de baisser la garde de la défense française aujourd’hui. La dissuasion nucléaire est la garantie de la sécurité et l’intégrité de la France » a encore insisté Alain Juppé.

Pourtant, le maire de Bordeaux avait co-signé, à l’automne 2009, avec Michel Rocard une tribune publiée par le quotidien Le Monde, appelant à « un désarmement nucléaire mondial » en engageant « un processus conduisant de manière planifiée au désarmement complet » en y associant « pleinement les trois puissances nucléaires de fait », en écartant « tout projet de développement d’arme nouvelle et en prenant « plus d’initiatives et de risques politiques pour surmonter les crises régionales majeure ».

Cela étant, près d’un an plus tard, Alain Juppé avait précisé sa pensée dans un article publié par la revue Défense, une publication de l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (IHEDN), en confirmant son souhait de voir un monde sans armes nucléaires tout en contestant la pertinence d’un désarmement unilatéral de la France. « A lui seul et en lui-même n’est pas porteur d’un arrêt de la prolifération », estimait-il alors. « Tant que cette menace subsistera, il n’est pas temps d’aller plus loin dans le démantèlement de notre capacité de dissuasion » avait-il ajouté.

Quoi qu’il en soit, l’actuel ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a également critiqué la proposition de Michel Rocard. « La dissuasion est un élément déterminant de notre sécurité. C’est le cas depuis qu’elle a été créée par le général de Gaulle et elle est maintenue dans ses deux composantes parce que c’est notre assurance vie », a -t-il assuré à l’antenne de RTL, qui a estimé que l' »on ne fait pas d’économies sur son assurance vie ». Le président Hollande, du temps où il était candidat à l’Elysée, avait en outre assuré qu’il ne remettrait pas en cause les deux composantes (aéroportée et sous-marine) de la  force de frappe française.

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