Pirates du Ponant : Un verdict clément par rapport au réquisitoire du Parquet

En avril 2008, Le Ponant, un voilier avec 30 membres d’équipage, avait été arraisonné dans le golfe d’Aden par des pirates somaliens. Pendant une semaine, une dizaine d’entre eux se relayèrent à bord pour garder le navire et leurs otages pendant qu’à Paris, l’on planifiait l’opération Thalatine afin de mettre un terme à cette situation.

Une semaine après, l’intervention des commandos marine français et du GIGN, appuyés par des moyens aériens (hélicoptères, Atlantique2) et navals (frégate Jean Bart, porte-hélicoptère Jeanne d’Arc, aviso commandant Bouan, etc…) permit de libérer les otages et de récupérer une partie de la rançon de 2,15 millions de dollars qui avait été mise en jeu pour appâter les pirates.

Au final, 6 d’entre eux, qui se trouvaient dans un 4×4 neutralisé par une balle de 12,7 tirée par un commando marine depuis un hélicoptère, furent interpellés et amenés en France pour y être jugé.

Leur procés a donc eu lieu ces derniers jours, devant la cour d’assises de Paris Au terme des débats, l’avocat général, Bruno Sturlese, a requis à l’encontre des 6 accusés – dont 3 ont toujours clamé leur innocence – des peines allant de 10 à 15 ans de réclusion criminelle, en mettant l’accent sur ce « fléau » que constitue la piraterie somalienne.

« Ce n’est pas un exemple pour le monde qu’il faudra faire, c’est juste savoir ce qu’ils ont fait et les juger pour ça », a plaidé Me Rachel Lindon, l’un des avocats d’Abdurahman Ali Samatar, qui a affirmé n’être jamais montés à bord du Ponant.

Pour Me Cédric Alépée, conseil d’Abdullahi Youssouf Hersi, le conducteur du 4×4 qui a affirmé avoir été payé 100 dollars pour servir de chauffeur aux pirates avec lesquels il prétend n’avoir entretenu aucun lien, l’accusation repose en grande partie sur « la parole des victimes » qui ont identifié les accusés sur des photographies. Et d’ajouter que les droits de ces 6 hommes ont été « bafoués lors de l’instruction ».

« En quatre ans, on n’a jamais pu entendre les militaires français qui ont interpellé ces six-là » a déploré l’avocat. « Dans une affaire correctionnelle ou criminelle, on ne se contente jamais de la parole des victimes. On procède à un tapissage.Ca n’a pas été fait » a-t-il ajouté.

Finalement, au terme de 12 heures de délibéré, les jurés ont tranché, le 14 juin. Ainsi, Abdurahman Ali Samatar et Abdulqader Guled Said, décrit par son l’avocat, Me Augustin d’Ollone, comme « psychologiquement démoli par cette affaire », ont tous les deux été acquittés. Le conducteur du véhicule a quant à lui été condamné à 4 ans de prison, qu’il a déjà effectués avant son procès. Il sera donc bientôt libéré.

Pour les trois autres accusés, deux ont été condamnés à 7 ans d’emprisonnement étant donné qu’ils ont reconnu avoir ravitaillé les pirates du Ponant. Enfin, Ismaël Ali Samatar, qui a reconnu avoir participé à l’opération de bout en bout, a écopé d’une peine de 10 ans de réclusion.

Le parquet a désormais 10 jours pour faire appel de ce verdict, comme il l’a fait pour six autres hommes jugés pour la prise d’otage du voilier « Carré-d’as », en septembre 2008 et qui fut libéré par une intervention des commandos marine français. Cinq d’entre eux furent condamnés, à la fin 2011, à des peines allant de 4 à 8 ans de prison tandis que le sixième avait été acquitté.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]