Le président Hollande redoute l’établissement de groupes terroristes dans le nord du Mali

La situation est un peu confuse dans le nord du Mali, désormais contrôlé par la rébellion touareg et le groupe islamiste Ansar Dine, lui même soutenu par des éléments d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Si un accord entre ces deux mouvements a été annoncé pour proclamer l’indépendance de l’Azawad (ndlr, la région qui couvre le nord du Mali), il semblerait que des tensions persistent entre eux. Ainsi, la semaine passé, des accrochages ont eu lieu à Kidal.

Mais, le 7 juin dernier, le président nigérien, Mahamadou Issoufou, a fait part d’éléments qui risquent de compliquer davantage la donne. En effet, lors d’un entretien accordé à la chaîne France 24, il a affirmé que des jihadistes venus du Pakistan, de l’Afghanistan et du Nigéria s’étaient établis dans l’Azawad afin de former au combat des recrues venues originaires d’Afrique de l’Ouest.

« Au Nord-Mali, les forces dominantes sont les jihadistes et les narcotrafiquants. Tout cela est coordonné : cela va du Sahara jusqu’en Somalie » a-t-il avancé. « Je crois que toutes ces organisations coopèrent entre elles, que ce soit les shebab en Somalie, Boko Haram au Nigeria, Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) en Algérie et au Sahel en général, jusqu’en Afghanistan » a-t-il insisté, confirmant ainsi les craintes exprimées par le général Carter Ham, le chef de l’US AFRICOM, le commandement américain pour l’Afrique, qui a parlé, en septembre 2011, du risque « d’alliance terroriste panafricaine ».

« Notre préoccupation, c’est que le Sahel ne se transforme pas en un nouvel Afghanistan » a aussi affirmé Mahamadou Issoufou, qui a par ailleurs soutenu que les groupes armés présent au Nord-Mali continuent de s’approvisionner en armes dans le sud-ouest libyen, lequel constitue pour eux une « base d’appui ».

Cela étant, à la Cédéao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), il y a un consensus pour une intervention militaire au Nord-Mali. Mais, les pays membres peinent à s’accorder sur les modalités d’une telle opération et souhaiteraient un appui occidental dans les domaines de la logistique, du renseignement et de la formation.

Quant à l’Union africaine, elle entend saisir le Conseil de sécurité des Nations unies afin d’obtenir son aval, si ce n’est son appui, pour cette intervention militaire.

C’est donc dans ce contexte que le président Mahamadou Issoufou a rencontré, le 11 juin, à Paris, son homologue français. A cette occasion, il a répété ses propos tenus à l’antenne de France 24 au sujet de la présence de jihadistes afghans et pakistanais au nord-Mali. « Je confirme cette information (…), il s’agit d’une menace non seulement pour la sous-région mais aussi pour le monde » a-t-il insisté.

Le président Hollande a pris très au sérieux cette menace évoquée par Mahamadou Issoufou. « Il y a une menace d’installation de groupes terroristes au nord-Mali (…), il y a une intervention extérieure qui déstabilise le Mali et qui installe des groupes dont la vocation est une intervention qui va bien au-delà du Mali, en Afrique et peut-être au-delà » a-t-il déclaré lors de la conférence de presse donnée à l’issue des discussions avec le chef de l’Etat nigérien.

« Cette menace existe, c’est aux Africains de la conjurer, à eux de décider. La Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) en est à la fois l’instrument juridique et l’instrument éventuellement militaire » a encore poursuivi le président Hollande.

« Aux Africains de saisir le Conseil de sécurité (de l’ONU), nous, nous appuierons la résolution qui sera présentée par la Cédéao, a insisté le chef de l’Etat, si une intervention est décidée, c’est aux Africains de la mener, la France comme d’autres puissances se mettant au service des Nations unies » a-t-il ajouté.

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