Décès de Gérard Théodore, Compagnon de la Libération et ancien de Bir Hakeim
L’horloge, « ce dieu sinistre, effrayant et impassible », comme l’a écrit Baudelaire, nous enlève implacablement les derniers témoins de la Seconde Guerre Mondiale. Ainsi, après Robert Galley, qui s’est éteint le 8 juin, Gérard Théodore, également Compagnon de la Libération, est décédé à Paris, deux jours plus tard, à l’âge de 91 ans.
Né en novembre 1920, et après des études scientifiques aux lycées Michelet et Saint-Louis, Gérard Théodore est admissible à Polytechnique et à l’Ecole de l’Air quand vient le déclaration de guerre. Trop jeune pour être mobilisé, il n’a pas pu prendre part aux combats de la Campagne de France de mai-juin 1940.
Mais refusant l’issue de cette dernière, et par conséquent l’armistice et ayant entendu l’appel du général de Gaulle, il décide de rejoindre l’Angleterre. Ce qu’il fait en s’embarquant, le 25 juin 1940, sur un bateau de pêche depuis Granville, qu’il venait de rallier en bicyclette.
Il s’engage alors, le 1er juillet 1940, au sein des Forces françaises libres (FFL). Il est affecté à une section d’artillerie, avec laquelle il prendra part aux campagnes de Dakar, d’Erythrée, de Syrie et de Libye.
Le 6 avril 1941, il est cité à l’ordre de la Brigade d’Orient pour sa conduite au feu en Erythrée. Plus tard, après avoir participé aux combats contre les forces vichystes en Syrie, il est admis au cours des aspirants de Damas. Intégré à la 1ère Brigade françaises libre du général Koenig, il est officier de tir à Bir-Hakeim, dont on vient de commémorer le 70ème anniversaire. Il y sera gravement blessé, sa jambe gauche ayant été arrachée par un obus ennemi.
La BFL ayant reçu l’ordre de repli, Gérard Théodore est évacué à Tobrouk pour être ensuite admis à l’hôpital de Beyrouth, où la Croix de la Libération lui sera remise par le général de Gaulle. Par la suite, il sera affecté au 1er Régiment d’Artillerie alors que ce dernier se trouve en Tripolitaine, puis à l’état-major FFI Zone nord du général Koening en Angleterre, qu’il quittera pour effectuer une mission en France en août 1944.
Après la guerre, Gérard Théodore reprend ses études et obtient les certificats de mécanographie et statistiques à l’Université de Paris. Il poursuivra ensuite sa carrière civile à l’INSEE et la FAO.
Président de la société d’entraide des Compagnons de la Libération de 1983 à 2006 et membre du Conseil de l’Ordre de la Libération depuis 2002, Gérard Théodore était Grand Officier de la Légion d’Honneur et de l’Ordre national du Méritue, titulaire de la Croix de Guerre 39/45 avec 3 citations, de la Médaille des Evadés, de la Médaille des Services volontaires de la France Libre et de la Médaille Coloniale avec agrafes « Erythrée », « Libye », « Bir Hakeim ».
