Les gendarmes s’attaquent à la mafia géorgienne

Depuis les années 2000 et la promulgation de lois sévères en Géorgie mais aussi en Russie, la mafia gérogienne a commencé à s’implanter en Grèce, profitant ainsi de la passivité des autorités grecques.

« Ils ont pris Thessalonique où ils ont même chassé les Albanais, résume un policier spécialisé. Thessalonique, c’est un nœud stratégique. Qui tient cette ville et son port tient la route sud des Balkans d’est en ouest, mais aussi le trafic nord-sud… » confiait le Service d’Information, de Renseignement et d’Analyse Stratégique sur la Criminalité Organisée (SIRASCO) au Journal du Dimanche, en mars 2011.

Puis, de fil en aiguille, les mafieux géorgiens ont étendu leur influence, en Espagne pour commencer, puis en France. « Dans l’ouest, dans la région lyonnaise, en région parisienne, sur la Côte, à Clermont-Ferrand, ils sont partout, confirme-t-on au Sirasco. Pour le seul clan Shushanasvili, treize villes sont impactées… » précisait encore le SIRASCO.

Leur fonctionnement est pyramidal. Ils investissent une ville avec une armée de voleurs recrutés, avec à sa tête un chef, lui-même surpervisé par un surveillant régional qui se charge de collecter 15% du butin (ce que l’on appelle l’obchtchak). Cette somme est ensuite remise à une responsable national qui rend des comptes au parrain (le vor).

Mais le gang dirigé par les « Vory v zakone » (les voleurs dans la loi, ça ne s’invente pas) qui a été démantelé par les gendarmes de la Section de recherches de Limoges et Office centrale de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI), avec l’appui d’Interpol et d’Europol, a écumé « une partie du territoire national ».

Ainsi, ce sont 21 malfaiteurs de nationalité géorgienne qui ont été interpellés, le 7 juin, à Limoges et à Paris, dans le cadre d’une information ouverte en décembre 2011 par la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Bordeaux. Ils sont soupçonnés d’avoir commis plus de 200 cambriolages en Limousin ainsi que dans une vingtaine de départements, du sud-ouest jusqu’au nord de la France.

Au cours de cette opération, les militaires ont mis la main sur plus d’un millier d’objets, dont 800 bijoux et du matériel hi fi et informatique. Les cambriolages, qui visaient surtout les zones pavillonnaires, étaient commis par des équipes de trois. « Très organisés, ils agissaient sous les ordres de cinq ou six chefs et laissaient à quatre receleurs le butin afin qu’il l’écoule, notamment en Belgique » a expliqué une source proche de l’enquête.

Cette dernière a commencé à l’automne dernier, avec l’interpellation d’un receleur géorgien en Creuse. A partir de là, les gendarmes ont étudié le passé de cet homme ainsi que ses relations, ce qui leur a permis de dénouer les fils de la pelote et de remonter à la tête du réseau. Et finalement, ces « Vory v zakone » – ou du moins une partie – devraient être mis en examen pour « vols et recels en bandes organisées », « association de malfaiteurs » et « blanchiment d’argent ».

Cette opération fait écho à celle, appelée « Caucase », menée en novembre dernier en Midi-Pyrénées. Une vingtaine de membres de cette mafia géorgienne avaient été arrêtés.

Actuellement, il y aurait 200 ressortissants géorgiens incarcérés en France mais il est estimé que 2.000 noms de suspects ou de personnes appartenant à cette mafia figurent dans les fichiers de police et de gendarmerie.

Considérée comme étant l’une des plus redoutables en Europe, la mafia géorgienne obéit à des rituels initiatiques qui remontent à la période tsariste. Ses membres se distinguent par des tatouages qui ont une signification particulière, comme par exemple leur rang dans l’organisation, leurs faits d’armes, leur dangerosité (symbolisée par un serpent entourant un poignard) ou encore le nombre de fois où ils ont été incarcérés.

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