Le groupe Lohr en difficulté, quelle conséquence pour les futurs camions de l’armée de Terre?

Les camions que met actuellement en oeuvre l’armée de Terre doivent être prochainement remplacés par des véhicules issus de la famille des « Porteur Polyvalents Terrestres » PPT, laquelle se décline en plusieurs versions : PPLOG (porteur polyvalent logistique), PPAV (porteur polyvalent de l’avant), PPBG (porteur polyvalent benne du génie) et PPLD (porteur polyvalent lourd de dépannage).

Deux offres étaient en concurrence pour ce marché. Mais, en décembre 2010, le ministère de la Défense a décidé de confier ce contrat au tandem formé par l’italien IVECO, associé à Soframe, filiale du groupe alsacien Lohr, et cela, au détriment de Renault Trucks Defense, qui a eu du mal à admettre sa défaite.

C’est ainsi que la Direction générale de l’armement (DGA) a passé une commande ferme portant sur 150 camions blindés et 50 PPLD pour un montant de 160 millions d’euros. Il s’agit là de la première tranche du programme, lequel prévoit l’achat, au total de 2.400 véhicules.

Pour honorer cette commande, IVECO s’occupe de la fabrication des véhicules tandis qu’il revient à Soframe le soin d’intégrer à ces derniers les équipements spécifiques ainsi que de produire certains éléments (remorques, plateaux logistiques, etc…).

Seulement, le groupe Lohr, à qui appartient Sofram, traverse de graves difficultés. Fondée en 1963 et toujours dirigée par Robert Lohr, l’entreprise, qui réalise la majeure partie de son chiffre d’affaires à l’exportation, a vu son activité brutalement décrocher en 2008-2009 à cause de la crise économique. Comptant sur une reprise, la direction n’a pas souhaité alléger sa masse salariale, ce qui lui aurait probablement permis de d’amortir le choc.

Pour pallier aux difficultés, la direction a alors décidé de se séparer de sa pépite, Translohr, sa filiale spécialisée dans la production de tramways à roue, pour 60 millions d’euros. Mais voilà, Astom, qui est intéressé, appuyé par le FSI (Fonds stratégique d’investissement), au vu des comptes, en a proposé que 35 millions.

Du coup, le groupe Lohr Industrie s’est déclaré en cessation de paiement le 4 juin derniern auprès de la chambre commerciale du tribunal de grande instance de Strasbourg. Il s’agit ainsi de faire aboutir le dossier d’ici une éventuelle mise en redressement judiciaire, avec le risque d’une liquidation judiciaire s’il s’avère que la poursuite de l’activité n’est pas viable.

L’on n’en est pas encore là. Toujours est-il que la situation de Lohr Industries a de quoi inquiéter, même si, selon Robert Lohr, qui s’est confié au quotidien L’Alsace, « ne sont pas concernées par cette procédure : Soframe, 34 salariés, qui regroupe les activités militaires du groupe, et Lohr Services, qui emploie une centaine de salariés et qui s’occupe du service après-vente ».

En décembre dernier, le député sortant (UMP) de la Haute-Marne, François Cornut-Gentille, qui suit de près les questions militaires, s’en est ému en posant une question écrite au ministre de la Défense. Soulignant que « l’ensemble du groupe Lohr est ainsi menacé à court terme », le parlementaire a ainsi demandé que lui soit précisées, pour le programme PPT, « les conséquences financières et contractuelles d’une éventuelle défaillance du groupe » alsacien.

Ainsi, si le pire devait arriver au groupe Lohr, le programme PPT ne serait pas menacé. En effet, le ministère de la Défense a précisé, en mars, que « IVECO intervient comme mandataire du groupement, solidaire de l’autre cotraitant. ». Ce qui veut dire que l’industriel italien est « tenu de pallier une éventuelle défaillance » de Soframe, et cela, « sans modification des termes ou du montant des marchés ». Toutefois, a précisé l’Hôtel de Brienne, « une telle hypothèse pourrait en revanche rendre nécessaire une réorganisation industrielle du groupement attributaire de ces marchés. »

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