Le budget de la Défense dans le collimateur de la gauche

L’on peut préférer sortir sa carte de crédit pour une sortie au restaurant ou s’offrir la collection des 20 films de guerre  de la collection Guerres & Histoire plutôt que de payer ses assurances. Seulement, quand la grosse tuile arrive, qu’une tempête emporte le toit de sa maison ou que l’on soit impliqué dans un accident de la route (ce sont des choses qui peuvent hélas arriver), l’on est bien content de trouver son assureur…

Pour l’armée, c’est pareil. Elle coûte cher mais on est aussi bien content de disposer d’un outil militaire efficace quand il y a besoin. Demandez aux Japonais par exemple, lors du raz de marée de 2011… Plus de 100.000 hommes mobilisés (sans compter le concours américain) pour venir en aide aux populations sinistrées. Mais il n’y a pas que les opérations intérieures…

La journée du 11 septembre 2001 s’annonçait bien. L’opération de l’Otan au Kosovo s’était terminée deux ans plus tôt et l’on ne voyait pas de conflit majeur à l’horizon. Et puis arriva les évènements que l’on sait, avec l’intervention en Afghanistan. Et un an plus tard, l’armée française était à nouveau engagée dans une opération lourde en Côte d’Ivoire (Licorne)… La vie n’est décidément pas un long fleuve tranquille.

Quoi qu’il en soit, les 30.63 milliards d’euros du budget de la Défense suscitent les convoitises à gauche, et cela, même si le président Hollande a assuré qu’il ne servirait pas de « variable d’ajustement budgétaire », bien qu’il sera appelé à contribuer aux économies au même titre que les autres missions de l’Etat. Certes, l’on est encore en campagne électorale, ce qui peut expliquer les postures des uns et des autres. Mais tout de même.

Ainsi, après Martine Aubry, la semaine passée, qui évoquait « des économies à faire » , en prenant l’exemple du « domaine de la Défense » avant de faire état de l’existence d’un bien mystérieux « accord avec l’armée » (comment ça?), c’est au tour du président du groupe Europe Ecologie-Les Verts au Sénat de lorgner sur les dépenses miltaires du pays.

Pour préciser les enjeux, et selon Pierre Moscovici, le ministre des Finances, il s’agit de réduire le déficit public de la France à 3% du PIB d’ici 2013 « sans mesure d’austérité ». Seulement, la Commission européenne et la Cour des comptes (voire les marchés, ceux qui prêtent) doutent que cet objectif soit réalisable sans qu’il y ait une baisse des dépenses…

Quoi qu’il en soit, après avoir souligné, sur les ondes de RTL, le 5 juin, que la France et le Royaume-Uni concentrent « 50% des dépenses miltaires » de l’Union européenne, Jean-Vincent Placé a estimé qu’il y a « évidemment quelque chose à faire ». « Cela ne veut pas dire moins de sécurité, moins de Défense, ça veut dire la Défense européenne » a-t-il expliqué. Mais la défense européenne, y en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes… C’est à dire que c’est peut être louable de vouloir la faire, à condition d’être plusieurs…

Mais, et cela ne surprendra personne, le sénateur écologiste en a après la dissuasion française. Et d’estimer que l’on pourrait « bien sûr », se passer de « l’arme nucléaire française, totalement autonome, totalement indépendante », qui « doit coûter par an 4,5 milliards d’euros », en soulignant que nous ne sommes plus dans « années 60-70 ». « Qui appuierait aujourd’hui sur le bouton nucléaire? » a-t-il demandé. Aujourd’hui, peut-être, mais demain?

Mais là encore, pas plus les Britanniques que les Français ne souhaitent partager leur force de frappe, même si des collaborations, au niveau de la recherche sont possibles (et d’ailleurs, le traité de Lancaster House de novembre 2010 l’a montré). Quant au coût de la dissuasion avancé par Jean-Vincent Placé, il est en réalité de 3,403 milliards d’euros de crédits de paiement, selon le Projet de Loi de Finances (PLF) 2012.

Reste que l’équation budgétaire est compliquée et la situation très sérieuse, au regard de ce qui arrive à l’Italie, à l’Espagne, au Portugal, à l’Irlande et bien évidemment à la Grèce. Les marges de manoeuvres sont minces et un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF), évoqué par le quotidien Les Echos (4 juin), donne quelques pistes pour tenter de rattraper les erreurs commises lors des périodes des « vaches grasses » – le document ayant cité comme telles les périodes Rocard (1988-1991), Jospin (1997-2002), Villepin (2005-2007) et le début du gouvernement Fillon (2007).

Ainsi, pour l’IGF, qui estime que les hausses d’impôt ne suffiront pas à financer les promesses faites durant la campagne de l’élection présidentielle, il serait possible de retrouver une situation financière saine en poursuivant la baisse du nombre de fonctionnaires (30.000 en moins par an), ce qui suppose bien évidemment de ne pas en recruter de nouveaux, en diminuant de 5% des primes des agents des catégories A et B, en gelant les mesures catégorielles concernant la fonction publique, les pensions et certaines prestations sociales, voire même de remettre en cause ces dernières, en mettant à la diète les 560 opérateurs de l’Etat, en réduisant les dépenses de fonctionnement, etc…

A moins, toujours selon l’IGF, de taper là où ça serait, à première vue, le plus simple. C’est à dire dans les dépenses concernant l’équipement des forces armées, lesquelles représentent les trois quart des investissements de l’Etat. Ces dernières pourraient « être stabilisées en valeur absolue » mais cela « représenterait une contrainte non négligeable sur la capacité à lancer de nouveaux engagements » et demanderait « réflexion sur la stratégie et le format des armées ».

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