L’armée américaine veut revenir au Vietnam

Le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, l’a annoncé lors du sommet sur la défense de Shangri-La, à Singapour : l’US Navy déploiera, d’ici 2020, 60% de ses moyens dans la région Asie-Pacifique, désormais considérée comme étant prioritaire par Washington.

Pour cela, il faudra trouver des points de chute aux navires de la marine américaine. Un accord a été trouvé avec l’Australie. Idem avec Singapour, où 4 bâtiments pourront y faire relâche. Et la même chose est envisagée avec les Philippines, ainsi qu’avec… le Vietnam.

Ainsi, le 3 juin, Leon Panetta s’est rendu sur la base de Cam Ranh Bay, qui fut autrefois utilisée par l’armée américaine pendant la guerre du Vietnam. Une première depuis 1975 et la fin des hostilités.

« Cette base sera particulièrement importante pour pouvoir travailler avec des partenaires comme le Vietnam, pour pouvoir utiliser des ports comme celui-ci, alors que nous redéployons dans le Pacifique nos navires des ports de la côte ouest » a ainsi déclaré, au cours de sa visite, le patron du Pentagone.

Après la guerre du Vietnam, Cam Ranh Bay a été occupée par l’URSS, qui y a déployé des avions de combat, des sous-marins mais aussi et surtout une station d’écoutes. La base a finalement été abandonnée par les Russes en 2002, année à partir de laquelle les autorités vietnamienne ont décidé d’y développer des activités civiles.

Mais pour les Etats-Unis, Cam Ranh Bay est idéalement placée en mer de Chine méridoniale, dans la mesure où elle est située près de l’île chinoise de Hainan, là où sont basés les sous-marins chinois. D’où l’intérêt exprimé par Leon Panetta.

En 2011, le Vietnam et les Etats-Unis ont signé un accord de coopération entre les services de santé et de collaboration en matière de recherche médicale. Plus tôt, les marines des deux pays avaient mené en commun des exercices de sauvetage en mer à Da Nang.

« Nous avons effectué beaucoup de chemin (avec le Vietnam), particulièrement au regard de nos liens en matière de défense », a déclaré Leon Panetta, en ajoutant vouloir développer davantage cette relation. Et pour cause.

Selon le Center for a New American Security (CNAS), le Vietnam « détient la clé pour l’équilibre des forces en mer de Chine méridoniale », dont Pékin revendique la souveraineté, ce qui est contesté par les pays riverains, lesquels se rapprochent, en conséquence des Etats-Unis.

Cette attitude chinoise ne manque pas de préocupper le Vietnam, où la Chine est vue comme une puissance expansionniste. Depuis 1975, les deux pays se sont d’ailleurs affrontés à deux reprises (1979 et 1984), la première pour des raisons idéologiques, la seconde, suite à des incidents frontaliers.

Et face à la montée en puissance de la marine chinoise, le Vietnam a commandé, pous plus de 3 milliards de dollars, 6 sous-marins de la classe Kilo auprès de la Russie, les livraisons des bâtiments devant prendre fin en 2018.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]