La Libye n’en a toujours pas fini avec les milices

Depuis la chute du colonel Kadhafi, la situation en Libye a du mal à se stabiliser. Si la production pétrolière du pays a retrouvé le niveau qui était le sien avant la guerre civile, on ne peut pas en dire autant pour le reste.

La Libye est aux prises avec plusieurs problèmes qui sont plus ou moins liés. Le premier concerne le système tribal, qui fait peser une menace sur son unité. Ainsi, en mars dernier, le Congrès du peuple de Cyrénaïque (CPC), composé par des représentants des tribus et des milices, a décidé de proclamer l’autonomie de leur région. Pour le moment, cette initiative unilatérale n’a pas été suivie d’effet mais elle illustre les défis auxquels est confronté le gouvernement de transition actuellement en place à Tripoli.

Outre ces tensions autonomistes, il y a aussi des combats entre tribus. En février, les Zawayas et les Toubous se sont affrontés dans le désert du sud-est libyen. Et ils n’ont pas fait semblant si l’on en juge par le bilan des combats, qui s’est élevé à une centaine de tués. Plus récemment, des combats ayant impliqué des touaregs ont eu lieu près de la ville de Ghadhamès, proche de la frontière avec l’Algérie, à 600 km au sud-ouest de Tripoli. Au moins 7 personnes y ont perdu la vie et une vingtaine de blessés ont été comptés.

Un autre problème est la corruption, lequel est en partie lié avec les difficultés qu’éprouvent les autorités libyennes à désarmer les milices qui ont contribué à la chute du colonel Kadhafi. Pourtant, c’était une question prioritaire en décembre dernier. Un ultimatum avait même été fixé, en même temps que la proposition d’intégrer une partie des anciens combattants révolutionnaires dans les forces armées et de police.

Seulement, 6 mois plus tard, la situation est restée la même. Et le gouvernement provisoire de promettre, une fois encore, d’avoir recours à la force pour remettre au pas ces milices qui dictent leur loi.

Par deux fois, ces dernières ont attaqué le siège gouvernemental pour réclamer le versement d’indemnités qui avait été interrompu à cause de fraudes (1 policier y a perdu la vie). Car ces anciennes katibas n’ont pas de scrupules pas à détourner l’argent public, normalement versé pour indemniser les anciens « thowars », (« des millions de dinars (libyens) alloués aux révolutionnaires ont été perdus en paiements indus » a expliqué le CNT) ou à se battre pour tenir des points stratégiques, comme des routes, afin de rançonner ceux qui s’y aventurent.

Et c’est ainsi que, le 4 juin, l’on en arrive à une situation où une katiba, la brigade d’al-Awfya, peut prendre d’assaut l’aéroport de Tripoli avec des chars et des véhicules armés, pour bloquer totalement le trafic aérien afin de faire pression sur le gouvernement de transition pour qu’il s’emploie à retrouver son chef, Abouajila Al-Habchi, lequel aurait, semble-t-il, été enlevé.

Pourtant, selon le porte-parole du CNT (Conseil national de transition ), une enquête a été ouverte pour établir les circonstances dans lesquelles Abouajila Al-Habchi a disparu. De son côté, le ministère libyen de l’Intérieur, a assuré que des investigations ont en cours pour retrouver les responsables du rapt et les traduire en justice. Déjà que les autorités ont du mal faire rentrer dans le rang ces milices…

Quoi qu’il en soit, les choses ont l’air d’être plus simples avec les anciens soutiens présumés du colonel Kadhafi. Ainsi, 19 ressortissants ukrainiens, 3 Bélarusses et 1 russe ont été condamnés à 10 ans de prison avec travaux forcés par un tribunal militaire libyen pour avoir été des mercenaires à la solde de l’ancien régime.

Bien qu’ils aient affirmé être venus en Libye pour travailler dans le secteur pétrolier, ils étaient soupçonnés d’avoir préparer des missiles sol-air afin de viser des avions de l’Otan pendant l’opération Unified Protector.

Si l’ambassadeur bélarusse en Libye les a défendus en confirmant qu’ils travaillaient pour une société pétrolière russo-libyenne, celui d’Ukraine les a « enfoncés », mais seulement après le verdict. Selon Mykola Nahornyi, les 24 hommes, âgés de 50 à 60 ans, auraient été contraints de travailler pour le colonel Kadhafi « sous la menace des armes ». Et, de toute façon, a-t-il ajouté, les missiles « ne visaient pas les Libyens mais les avions de l’Otan et des pays occidentaux et ces derniers n’ont pas porté plainte ».

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