Béatex, le fabricant français de bérets militaires, est sauvé

En affaires, les choses vont très vite. A peine le temps de savourer un succès que l’on peut se retrouver aux prises avec les pires difficultés. C’est ce qui est arrivé à Beatex, un fabricant spécialiste du béret militaire, implanté à Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques).

L’histoire de Béatex, dont l’origine remonte à 1840, a été mouvementée. Au plus fort de son activité, cette PME familiale a compté jusqu’à 400 salariés. Mais, même si elle n’a pas tout misé sur les couvre-chefs militaires, l’entreprise sera affectée par la suspension du service national. En 2008, elle est donc reprise par Pierre Lemoine, alors qu’elle venait de déposer son bilan.

En février 2011, l’entreprise a décroché son homologation « Otan ». « Nous allons accéder à tous les appels d’offres en matière de fournitures des armées des 28 pays membres de l’Otan. C’est un marché de bérets militaires de 100 millions d’euros qui s’ouvre à nous! » expliquait, à l’époque, Pierre Lemoine, le patron de cette PME, dont le chiffre d’affaires était alors de 3,6 millions d’euros.

Seulement, et même si la PME ne manque pas de travail (60.000 bérets à livrer à l’armée de Terre, 40.000 pour l’armée espagnole, prospects en Suisse, Russie et Pologne, etc…), des problèmes de trésorerie sont venus gâcher la fête : il fallait trouver 840.000 euros pour continuer l’activité. « J’ai 1 million d’euros de commandes, 2 millions d’euros de machines, 58 employés, mais pas de trésorerie. Concrètement, il me manque trois chèques de 280.000 euros » avançait alors Pierre Lemoine, en septembre dernier, en déplorant la frilosité des banques.

Et puis ce qui devait arriver est arrivé : Beatex a déposé son bilan et a été placé en redressement judiciaire en janvier 2012. Dans le même temps, deux enquêtes préliminaires visant Pierre Lemoine, l’un pour abus de biens sociaux et l’autre, pour abus de confiance, ont été ouvertes. Il lui est reproché d’avoir voulu vendre 50 machines à tricoter à une socitété anglaise, dont il a reconnu être « actionnaire minoritaire avec un simple droit de regard » et de ne pas avoir payé les cotisations sociales à l’Urssaf ainsi que la part patronale de la mutuelle des salariés.

Finalement, l’espoir est revenu chez les salariés de Béatex, alors que leur entreprise risquait la liquidation judiciaire. Quatre repreneurs se sont en effet manifestés et le tribunal de commerce de Pau, lequel a tranché, le 29 mai, en faveur de l’offre déposée par le groupe Promodis-Cargo.

Ainsi, ce dernier, spécialisé dans les équipements pour les armées françaises, la gendarmerie et la sécurité civile, va immédiatement injecter 500.000 euros, puis 750.000 euros à partir de 2014. Les conséquences sur l’emploi seront limitées, dans la mesure où la majeure partie des salariés de Béatex seront repris, les autres devant bénéficier de propositions de reclassement.

« Les produits Béatex sont parfaitement dans la cible de Promodis », fournisseur des armées française et étrangères, a expliqué, à Sud Ouest, le patron du groupe, Jean-Philippe Frémont. Le projet vise en premier lieu à remettre à plat l’outil industriel et de lancer un gros travail commercial.

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