Création d’un « Commandement de la Force navale stratégique » au Pakistan

Quelques semaines après l’essai réussi du missile indien Agni V, dont la portée de 5.000 km a de quoi faire changer les rapports de force en Asie, le Pakistan a reconnu l’existence d’un « Commandement de la Force navale stratégique », avec l’inauguration, le 19 mai, des locaux de ce nouvel état-major.

Selon un communiqué officiel, ce commandement « jouera un rôle important dans le développement et l’emploi de la Force navale stratégique » tout en étant le « gardien de la capacité de riposte nucléaire du pays ».

Les pays qui disposent d’une force de frappe océanique sont rares. Bien évidemment, l’on trouve les Etats-Unis, la Russie, la France et le Royaume-Uni. Viennent ensuite la Chine et l’Inde, qui sera prochainement dotée de cette capacité avec l’entrée en service du sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) Arihant. Enfin, l’on suppose qu’Israël l’ait également, bien que la marine de ce pays met en oeuvre des submersibles à propulsion classique. Tout comme, d’ailleurs, le Pakistan.

Cela étant, cette composante océanique de la force de frappe pakistanaise a de quoi susciter le scepticisme. En effet, le Pakistan ne compte que 5 sous-marins : 2 Agosta 70 (PNS/M Hasmat et Hurmat, entrée en service en 1979) et 3 Agosta 90B (PNS/M Khalid, Saad et Hamza) qui font grand bruit en France.

Et, comme le Pakistan ne maîtrise pas le tir d’engins balistiques sous la mer et qu’il n’a de toute façon pas de SNLE, il se pourrait que cette annonce soit la confirmation de l’existence d’une version sous-marine du missile de croisière Babur/HATF-VII, lequel aurait été développé à partir de Tomahawk américains, retrouvés quasiment intacts dans le sud du pays, après la frappe réalisée en 1998 contre les positions d’al-Qaïda en Afghanistan.

Le Babur serait lancé de la même manière que les missiles antinavires de type Harpoon, c’est à dire par les tubes lance-torpilles de l’Agosta 90B qui en serait doté (il est improbable que les 2 Agosta 70 aient cette capacité).

Reste que le format de la force sous-marine pakistanaise demeure réduite. Et c’est ce qui fait douter certains observateurs de la réalité de cette annonce. Car cela voudrait dire que la Pakistan aurait renoncé aux missions d’interdiction face à la marine indienne pour se consacrer uniquement à la permanence de sa dissuasion en mer.

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