Une intervention militaire en Syrie avec un mandat de l’ONU reste très incertaine

Voilà maintenant 14 mois que le régime de Bachar el-Assad est contesté et que la violence se déchaîne en Syrie. Et ces évènements font penser à ce qu’il s’est passé en Libye, certains allant même jusqu’à prédire à l’actuel président syrien la même fin qu’a connue le colonel Kadhafi.

Comme pour la Libye, les rebelles demandent des frappes aérienne contre l’armée régulière syrienne. Interpellé par Bernard-Henri Lévyu qui vient de publier une lettre ouverte à ce sujet, le président Hollande a indiqué, au journal télévisé de France2 du 29 mai, ne pas exclure une « intervention armée » en Syrie, « à condition qu’elle se fasse dans le respect du droit international, c’est-à-dire dans une délibération du Conseil de sécurité » de l’ONU.

Pour le moment, les Nations unies ont envoyé en Syrie des observateurs (des bérets bleus) pour veiller au respect du cessez-le-feu entre les deux parties, dans le cadre du plan de paix de Kofi Annan. Pour aller plus loin, il faudrait faire adopter une résolution sous le chapitre 7, lequel autorise le recours à la force, si nécessaire, pour rétablir la paix, et, par voie de conséquence, protéger les populations civiles.

C’est ce qu’il s’est passé en mars 2011, au moment de l’affaire libyenne (résolution 1973), adoptée grâce à l’abstention, au Conseil de sécurité de l’ONU de la Chine et de la Russie, deux des cinq membres permanents ayant le droit de veto.

Seulement, il sera extrêmement compliqué de faire voter une résolution similaire à celle qui a servi de cadre aux opérations en Libye. En effet, plusieurs pays, en particulier les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ne sont pas très chaud à l’idée d’une intervention militaire occidentale en Syrie et ils n’ont que peu goûté ce qu’ils ont considéré comme étant des libertés prises par l’Otan lors de l’affaire libyenne (avec notamment les livraisons d’armes aux rebelles, et surtout l’aide au renversement de Kadhafi). Chat échaudé craignant l’eau froide, ils seront méfiants à l’égard de tout texte autorisant le recours à la force contre Damas.

Pour Moscou, une telle éventualité n’est pas acceptable. La Russie dispose de la base navale de Tartous, en Syrie, qui est un point d’appui en Mediterranée. Il est donc impensable pour elle d’autoriser des frappes occidentales, d’autant plus que la chute du régime d’el-Assas pourrait signifier la fin de la maigre influence qu’elle dispose dans la région.

Quant aux Etats-Unis, il n’est pas question que l’administration Obama se lance dans une nouvelle intervention militaire au Moyen Orient. Pour Washington, cela pourrait nuire au réglement d’un autre dossier, à savoir celui du nucléaire iranien. Et puis l’idée d’un changement de régime à Damas n’est pas forcément souhaitable pour Israël, qui sait à quoi s’attendre avec Bachar el-Assad.

Du coup, sans appui américain, il sera très compliqué de mener une opération militaire en Syrie. Et à moins que la Turquie et Chypre soient disposés à accueillir des avions de combat sur leur territoire pour instaurer une éventuelle zone d’exclusion aérienne, une intervention au Levant posera nettement plus de problèmes que pour celle qui a été menée en Libye.

Qui plus est, et même si elles n’ont rien pu faire contre le raid mené par l’aviation israélienne en septembre 2007 sur le complexe supposé nucléaire situé près de Deir-Ezzor, les défenses syriennes sont d’un autre calibre qu’en Libye étant donné que la Syrie dipose de 5 fois plus de systèmes anti-aériens et d’avions de combat en état de vol, dont des MiG-29.

Aussi, il est plus probable que les diplomates chercheront à se mettre d’accord sur un projet de résolution visant à isoler le régime d’el-Assad plutôt que de tenter un impossible consensus sur une intervention militaire, à l’instar de celle qui a été menée en Libye.

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