La contrefaçon chinoise est une menace pour l’armée américaine

La durée de vie commerciale d’une puce électronique est de courte durée. Ce qui n’est pas le cas des équipements militaires qui sont susceptibles de rester en service pendant plusieurs décennie. Un problème se pose alors pour leur maintien en condition opérationnelle : où trouver les composants nécessaires pour remplacer ceux qui sont défectueux?

La solution passe alors par des revendeurs. Et c’est là que les choses se compliquent encore plus. En mars dernier, le Government Accountability Office (GAO), l’équivalent américain de la Cour des comptes, a créé une société fictive afin d’acquérir des composants électroniques à usage militaire. Résultat : les 16 pièces achetées par ce moyen étaient toutes des contrefaçons et 13 d’entre elles étaient d’origine chinoise.

Le GAO a par ailleurs identifié 396 vendeurs potentiels, dont 334 sont établis en Chine, les autres étant installés aux Etats-Unis (25), au Canada, au Royaume-Uni ou encore au Japon.

Cette affaire n’en est pas restée là puisque la Commission des forces armées du Sénat américain vient de rendre un rapport à ce sujet. Et les conclusions de ce document, établi par les sénateurs John McCain (Parti républicain) et Carl Levin (Parti démocrate) sont édifiantes : il y est en effet estimé qu’au moins un million de composants électroniques contrefaits en Chine auraient été intégrés dans les avions de l’aviation américaine, ce qui « compromet la sécurité nationale ».

Au cours de leurs investigations, les deux sénateurs, qui ont par ailleurs été interdits d’entrée en Chine, ont découverts 1.800 cas de pièces électroniques défectueuses utilisées pour les avions cargo de l’US Air Force, les hélicoptères des forces spéciales ou encore les appareils de surveillance maritime de l’US Navy.

Pour les rapporteurs, ce phénomène « menace la sécurité nationale, celle de nos troupes et les emplois américains. » Si le document blâme l’inefficacité des autorités chinoises à lutter contre le contrefaçon, et en particulier dans le domaine de l’électronique, il pointe aussi la responsabilité de agences gouvernementales américaines et des entreprises sous contrat avec le Pentagone qui ne prennent pas les mesures de détection nécessaires ou qui, le cas échéant, omettent de prévenir l’armée de la présence de pièce à l’origine douteuse dans le circuit logistique.

« L’échec d’une seule pièce électronique peut laisser un soldat, un marin, un aviateur ou un marin vulnérable au pire moment possible », souligne le rapport. Ainsi, pour un composant qui vaut une dizaine de dollars, ce sont plusieurs millions de dollars qui peuvent être perdus, en plus de vies humaines.

Parmi les équipements touchés par ce phénomène, l’on trouve les écrans d’affichage des avions de transport C-17 Globemaster III et C-130J, les modules de détection des P-8A Poseidon, utilisée pour la patrouille maritime et la lutte anti-sous-marine, les systèmes FLIR (vision nocture) des hélicoptères SH-60B Seahawk et même le programme antimissile THAAD.

Les composants prennent souvent des chemins compliqués. L’industriel sous contrat avec le Pentagone a ainsi souvent recours à un sous-traitant, lequel va se fournir en Chine, sans forcément en informer son client. Parfois, le circuit est beaucoup plus simple. Ainsi, dans le cas des systèmes FLIR défectueux, L3 Communications s’était directement approvisionné auprès de Hong Dark Electronic Trade, implantée à Shenzen, en Chine.

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