Le budget militaire chinois s’élèverait entre 120 et 180 milliards de dollars, selon le Pentagone

Chaque année, le Pentagone établit, à l’intention du Congrès, un rapport concernant les évolutions des capacités militaires chinoises. Livré cette fois plus tôt que les deux dernières années, sans doute pour éviter le courroux des parlementaires qui l’attendaient avant d’examiner les crédits à allouer aux forces armées américaines, ce document est moins copieux que d’habitude, étant donné qu’il offre moins de détails que par le passé et qu’il met désormais l’accent sur les tendances générales de la stratégie mise en oeuvre par Pékin.

Quoi qu’il en soit, ce rapport indique que le niveau des dépenses militaires chinoises est bien en deça des chiffres officiellement fournis par Pékin. Ainsi, pour l’année 2012, le budget militaire chinois a été annoncé en hausse de 11,2% par Pékin, pour s’établir à 106 milliards de dollars. Pour le gouvernement chinois, cela représente bien moins que les dépenses faites dans ce domaine par d’autres pays si on le rapporte au PIB.

Sauf que, pour le Pentagone, le vrai chiffre se situerait entre 120 et 180 milliards de dollars si l’on prend en compte la modernisation des armes nucléaires chinoises ainsi que les acquitions d’équipements à l’étranger. La fourchette basse de cette évaluation rejoint l’estimation faite récemment par le groupe IHS Janes, pour qui le niveau de ce budget militaire serait de l’ordre de 119,8 milliards.

Il est « difficile de trouver un bilan exact des dépenses militaires de l’Armée populaire de libération (APL) », à cause d’un « manque de transparence de sa comptabilité et d’une transition encore incomplète d’une économie planifiée à une économie de marché » explique le document soumis au Congrès.

« La Chine poursuit un programme de modernisation militaire global, de long terme » afin de prendre l’avantage dans des conflits locaux ou des « opérations de haute intensité de courte durée », affirme le rapport du Pentagone. Ce qui fait penser à Taïwan, mais aussi aux différends territoriaux entre Pékin et ses voisins. Là-dessus, il n’y a aucune nouveauté par rapport document soumis l’an passé au Congrès.

Mais le Pentagone a fait de sa crainte de voir la Chine « tirer profit de l’acquisition, légale et illégale, de technologies à double usage ou liées à un usage militaire », ce qui serait « un objectif de sécurité nationale affiché » par les autorités chinoises ».

Aussi, le rapport pointe les transferts technologies dans l’industrie de l’aéronautique civile, sachant qu’Airbus a implanté une usine en Chine, Dassault s’apprête à en faire de même. « Nous sommes attentifs aux investissements chinois destinés à améliorer leur industrie de défense et à leur capacité de produire des versions chinoises de toute une série d’équipements militaires » a confié David Helvey, le responsable des affaires asiatiques au Pentagone.

Pour arriver à ses fins, selon le document, la Chine dispose d’un programme d’espionnage industriel qui implique aussi bien ses services de renseignement que les instituts de recherches et les sociétés privées. « Les acteurs chinois sont les responsables les plus actifs et les plus obstinés au monde dans le domaine de l’espionnage économique » souligne-t-il

La réaction de l’agence de presse chinoise Xinhua à ces affirmations sonne comme un aveu. Selon elle, en effet, le rapport du Pentagone omet de « mentionner que les Etats-Unis ont imposé une interdiction stricte sur les exportations de haute technologie vers la Chinbe au cours des décennies passées ». D’où le recours à l’espionnage?

D’ailleurs, le rapport souligne également les efforts chinois constants en matière de cyberguerre. En 2011, fait-il valoir, les réseaux informatiques mondiaux « ont continué à être la cible d’intrusions et le vol de données, dont beaucoup provenaient de Chine. Bien que certains des systèmes ciblés étaient américains, d’autres appartenant à des sociétés privées ont été visés afin de voler des données qui représentent une précieuse propriété intellectuelle »

« La Chine investit dans les capacités non seulement pour mieux défendre ses réseaux, mais aussi, cherche des moyens d’utiliser le cyber pour des opérations offensives » a expliqué David Helvey.

Outre la cyberguerre, Pékin a continué un « investissement soutenu » dans les domaines du nucléaire, des missiles balistiques, de l’aéronautique – le J-20 serait ainsi disponible en 2018, soit deux ans avant les précédentes estimations américaines – et de la construction navale. Qui plus est, Pékin développe aussi des capacités « anti-accès », visant à éventuellement contrer les forces maritimes et aériennes américaines.

La Chine « acquiert et déploie de plus en plus de missiles balistiques à portée intermédiaire afin d’augmenter la portée à laquelle elle peut mener des frappes de précision contre des cibles terrestres ou navales, dont des porte-avions, opérant loin des côtes chinoises » prévient le rapport du Pentagone.

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