L’influence de la France au sein de l’Otan a été renforcée

Bien qu’il y ait eu des avancées récentes, avec les opérations Atalante et Eufor Tchad/RCA ou encore la mise en place de l’European Air Transport Command (EATC), la défense européenne manque de souffle.

« La baisse des budgets de défense européens ne nous incite pas à penser qu’il existe une vraie volonté en faveur de l’Europe de la défense », avait avancé, en 2008, James Arbuthnot, le président de la Commission de la défense de la Chambre des communes britannique.

Et le fait est, depuis la fin de la fin de l’Union soviétique, les pays du Vieux continent ont fortement baissé leurs dépenses militaires, en les portant de 3% à 1,3% en moyenne de leur PIB. D’où leur priorité accordée à l’Otan, qui leur permet de compter sur le parapluie américain. Et l’Initiative de défense conventionnelle, adoptée lors du sommet de l’Alliance de Washington, en 1999, qui a fixé à 2% du PIB le montant des dépenses militaires pas plus que que l’engagement capacitaire adopté à Prague en 2002 n’auront pas remis en cause cette évolution.

Aussi, le nouveau ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, n’aura pas la tâche facile pour relancer la défense européenne, conformémement à l’intention affichée par le président Hollande. Tant que le débat entre les partisans d’une Europe puissance (hard power) et ceux favorables à une Europe influence (soft power), ne sera pas tranché, l’idée d’une politique européenne de sécurité et de défense commune aura du mal à avancer. Et la crise de la dette souveraine ne va pas arranger les choses.

Par conséquent, c’est sur l’Otan que s’appuie les pays européens pour leur sécurité, ce qui passe par la lutte contre la prolifération d’armes de destruction massive et de leurs vecteurs, la cyberdéfense, le contre-terrorisme, la lutte contre les trafics et la protection des voies énergétiques et maritimes ou, plus généralement, les « global commons », soit les espaces aériens, spatiaux, cybernétiques et marins.

Alors que le président Hollande avait souhaité que soit évalués les bénéfices du retour de Paris au sein du commmandement militaire intégré de l’Otan (auquel il s’était pourtant opposé), sans nécessairement le remettre en cause, l’influence de la France s’y est renforcée au terme d’âpres négociations menées avant l’élection présidentielle française et dans lesquelles l’amiral Guillaud, le chef d’état-major des armées (CEMA) n’a pas ménagé ses efforts.

Ainsi, et alors que les structures de l’Otan ont été diminuée de 30% par souci d’efficacité mais aussi et surtout par économie, la France arrive en 3e position, à égalité avec le Royaume-Uni mais derrière les Etats-Unis et l’Allemagne, pour ce qui concerne le nombre d’officiers généraux affectés à des postes clés.

La France a ainsi, selon TTU, visé les postes importants et délaissés ceux considérés comme étant de « petit niveau ». Elle conserve donc l’Allied Command Tranformation (ACT) de Norfolk, dont la direction est assurée par le général Stéphane Abrial, l’ancien chef d’état-major de l’armée de l’Air. Il pourrait être prochainement remplacé par le général Jean-Paul Palomeros.

Ce commandement n’est pas si anodin dans la mesure où c’est l’un des deux plus importants de l’Otan, l’autre étant l’Allied Command Operations (ACO), qui revient traditionnellement à un officier américain afin de compenser l’attribution systématique du poste de secrétaire général de l’Alliance à un Européen. Par ailleurs, l’ACT est en charge d’élaborer les concepts et les capacités de l’organisation, d’où son influence sur les choix à venir.

Par ailleurs, le poste d’adjoint au chef d’état-major de Northwood (opérations navales) sera dorénavant toujours attribué à un amiral français. Autre fonction importante obtenue : celle de numéro deux à l’état-major de la composante aérienne, situé à Ramstein, qui aura en charge la défense antimissile. Toutefois, ce poste sera partagé en alternance avec le Royaume-Uni, de même que celui de n°4 au SHAPE de Mons, mais avec l’Allemagne cette fois.

Au total, 870 militaires français seront affectés à l’Otan en 2012, contre 160 avant 2009. Autre chiffre : la France en est le troisième contributeur financier, ce qui est par conséquent conforme à son niveau d’influence. « Au total, les surcoûts de la montée en puissance en année pleine (régime établi), hors budgets opérationnels, seront d’environ 78 millions d’euros par an » avait calculé le Sénat, à l’occasion du débat sur la loi de finance 2012.

Mais ce qui n’est pas pris en compte dans le rapport de la Haute-Assemblée, ce sont les gains attendus en retour, qui seraient, selon une évalution de la Cour des comptes, de 200 millions d’euros, grâce aux économies d’échelle et l’accès aux appels d’offres concernant programmes de l’Otan auxquels la France a  accès.

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