Décès de l’ancien résistant Robert de la Rochefoucauld

Ancien agent des services secrets britanniques pendant la Seconde Guerre Mondiale, le comte Robert de la Rochefoucauld s’est éteint le 8 mai dernier, à l’âge de 88 ans.

Né le 16 septembre 1923, ce descendant de l’une des plus anciennes familles de la noblesse française n’accepte pas la défaite face aux armées allemandes. Aussi, il exprime, dès ses 16 ans, de fortes convictions gaullistes qu’il va mettre en pratique en 1942, quand il décide de rallier Londres via l’Espagne, en campagnie de deux aviateurs anglais abattus au-dessus de la France.

Après un voyage mouvementé – il sera arrêté par la police espagnole et interné au camp de Miranda pendant deux mois -, il finit par arriver au Royaume-Uni, où il est recruté par le Special Operation Executive (SOE), créé en 1940 sous l’autorité de Sir Winston Churchill, avec pour devise « And now, set Europe ablaze! » (« Et maintenant, mettez le feu à l’Europe »). Il s’agit alors de soutenir clandestinement les mouvement de résistance qui commencent à apparaître dans les pays occupés par l’Allemagne nazie.

Pour autant, Robert de la Rochefoucauld a hésité avant de rejoindre le service britannique, étant donné qu’il aurait préféré s’engager au sein des Forces Françaises Libres (FFL). Mais il a été rapporté que le général de Gaulle l’a incité à rejoindre le SOE. « Même allié avec le diable, c’est pour la France, allez-y » lui a-t-il dit.

Après 6 mois de formation intensive, Robert de la Rochefoucauld est parachuté dans le Morvan où, avec le maquis local, il va conduire plusieurs opérations de sabotage, dont celle ayant visé à faire sauter une centrale électrique près d’Avallon.

Arrêté à plusieurs reprises par la Gestapo et condamné à mort, il réussit à chaque à s’évader, dans des conditions parfois rocambolesques. En 1944, après avoir rejoint Londres en sous-marin, il est une nouvelle fois parachuté, cette fois en Gironde, où il va réussir à faire exploser une poudrerie.

Seulement,à nouveau fait prisonnier et il s’échappe du fort du Hâ, à Bordeaux, après avoir brisé la nuque son gardien, revêtu son uniforme et abattu deux soldats allemands. En tout et pour tout, il ne sera resté que quelques heures dans sa cellule…

Par la suite, Robert de la Rochefoucauld termine la guerre au sein du réseau Charly. Fort de son expérience des opérations clandestines, il poursuit sa carrière dans les services spéciaux en formant des commandos destinés à combattre en Indochine. En 1956, il sera chargé des parachutages dans le Sinaï. Puis, revenu à la vie civile, il exerce plusieurs métiers (transporteur, exploitant forestier en Afrique, planteur de bananiers, etc…)

Son nom revient dans l’actualité en février 1997, à l’occasion du procès de Maurice Papon. Il apporte alors son soutien à l’ancien secrétaire général de la préfecture de Gironde, accusé d’avoir fait déporter près de 1.600 Juifs vers Drancy entre juillet 1942 et mai 1944.

Pour Robert de la Rochefoucauld, Maurice Papon faisait « partie des hommes courageux qui ont beaucoup fait pour la Résistance et pour aider les Alliés en risquant leur vie pour soustraire des renseignements aux Allemands ».

Seulement, cette défense n’a pas convaincu la cour d’assises : le 2 avril 1998, Maurice Papon est condamné à 10 ans de réclusion criminelle pour « complicité de crimes contre l’humanité ». Mais à la veille de l’examen de son pourvoi en cassation, l’ancien préfet s’enfuit en Suisse. Il est arrêté deux jours plus tard avec, en sa possession, 3 passeports, dont celui de Robert de la Rochefoucauld. « Je ne renie jamais mes amis et j’ai toujours eu une grande admiration pour cet homme et je ferai tout ce que je peux pour le défendre quoi qu’il arrive » expliquera-t-il.

Chevalier de la Légion d’Honneur, Robert de la Rochefoucauld était décoré de la Croix de guerre 1939-1945, de la Médaille de la Résistance et du Distinguished service order (DSO).

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