Pour Nicolas Sarkozy, un retrait anticipé d’Afghanistan serait un « manquement à l’honneur de la France »

Lors du débat ayant opposé, le 2 mai, les deux finalistes de l’élection présidentielle, il aura fallu attendre la fin pour que soient enfin abordées les questions internationales, dont celle concernant l’engagement militaire de la France en Afghanistan.

Le candidat du Parti socialiste, François Hollande, a réaffirmé son intention de rapatrier les troupes françaises d’Afghanistan d’ici la fin de l’année 2012, soit deux ans avant le terme fixé lors du sommet de l’Otan, organisé à Lisbonne en novembre 2010. Cela étant, entreprendre un retrait anticipé dans de bonnes conditions de sécurité s’avère compliqué à mettre en oeuvre sur le plan logistique, d’autant plus que les éventuelles voies de sorties sont, au pire, fermées (Pakistan), au mieux, très coûteuses. Ce dont le député corrézien semble avoir admis. « S’il doit y avoir des difficultés matérielles, j’y répondrai. C’est effectivement un problème d’évacuation. Je ne prendrai aucun risque pour nos soldats » a-t-il ainsi affirmé.

Toute autre est la position de Nicolas Sarkozy. Dans le cadre de la stratégie fixée à Lisbonne, l’armée française a récemment confié la responsabilité du district de Surobi, dont elle avait la charge, à son homologue afghane. Ce qui a permis de diminuer les effectifs français présents dans le pays. Reste maintenant la question de la province de Kapisa, laquelle devrait prochainement passer sous contrôle afghan.

Aussi, pour le président sortant, qui a par ailleurs décidé de retirer les forces combattantes françaises d’Afghanistan d’ici la fin 2013 (et non celles chargées de la formation des soldats afghans), « le travail n’est pas terminé parce qu’il nous reste une région à transmettre à nos amis afghans ». Et d’insister : « Je n’ai pas l’intention d’accepter que l’armée française, après tous ses sacrifices, parte avant que le travail ne soit terminé. Nous l’avons fait à Kaboul, nous l’avons fait dans une première région, nous avons une dernière région. L’armée française tiendra ses engagements, et la France tiendra sa parole ».

Le lendemain, lors d’un meeting à Toulon, Nicolas Sarkozy est revenu à la charge sur cette question. « Dans ce qu’il va se passer demain et après-demain, en Europe et dans le monde, la France a un rôle exceptionnel à jouer » a-t-il lancé.

« Pendant 5 ans, j’ai pu mesurer combien la voix de la France est importante, combien elle compte pour beaucoup de pays qui attendent d’elle qu’elle parle pour eux » a-t-il poursuivi. « Mais la France ne peut pas jouer ce rôle singulier que l’histoire lui a façonné si elle ne respecte pas sa parole, si elle ne tient pas ses engagement » a encore expliqué le président sortant.

« Si l’on détruit la confiance que nous font nos alliés, que resterait-il de la capacité d’influence d’une France qui se retrouveraient affaiblie politiquement, économiquement et moralement? », s’est interrogé Nicolas Sarkozy. D’où l’importance, à ses yeux, de l’affaire afghane.

« J’ai engagé la France aux côtés de nos alliés américains et européens pour libérer l’Afghanistan du cancer du terrorisme. Je n’accepterai pas que la France renonce à sa parole et parte piteusement alors que le travail n’est pas fini là où nous nous sommes engagés » a-t-il ajouté.

« La France quittera l’Afghanistan avec ses partenaires en bon ordre, quand elle aura fini le travail et qu’elle puisse rendre aux Afghans la responsabilité de leur sécurité. Partir avant, c’est un renoncement, c’est une lâcheté, c’est un manquement à la parole de la France et donc à l’honneur de la France » a-t-il fermement déclaré.

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