Pour le chef d’état-major de l’armée israélienne, l’Iran n’a pas décidé de se doter de l’arme nucléaire

Selon le renseignement américain, même si Téhéran se donne les moyens pour éventuellement se doter d’une arme nucléaire, cette question ne ferait pas l’objet d’un consensus au sein des dirigeants iraniens et aucune décision allant dans ce sens n’aurait été jusqu’à présent prise, notamment à cause des sanctions internationales.

« Nous estimons que le processus de décision iranien en matière nucléaire est guidé par une approche coût-bénéfice, qui donne à la communauté internationale la possibilité d’influencer Téhéran » avait expliqué James Clapper, le Directeur national du renseignement (DNI), lors d’une audition devant le Sénat américain.

Le tout sera de déterminer le moment où l’ordre de développer une arme nucléaire sera donné par le régime iranien. Pour cela, et selon un article publié au début de ce mois par le Washington Post, les Etats-Unis ont lancé un programme de suveillance du territoire iranien, avec des survols réguliers des sites sensibles par des drones RQ-170 Sentinel – dont un a été perdu lors d’une mission – des écoutes téléphoniques analysées par la NSA et la création d’un réseau d’espions. « Nous sommes confiants que nous oberserverons l’activité montrant qu’une décision a été prise » avait indiqué un haut-responsable américain au quotidien.

Alors qu’il est prêté à Israël l’intention de préparer une opération militaire imminente contre les sites nucléaires iraniens, le chef d’état-major de l’armée israélienne, le général Benny Gantz, a jeté un pavé dans la mare lors d’un entretien accordé au quotidien Haaretz. en exprimant des positions identiques à celles développées par le renseignement américain.

« L’Iran avancera sur le chemin de l’acquisition de la bombe mais la décision en ce sens doit être prise en premier. Si le guide suprême iranien l’ayatollah Ali Khamenei le veut, son pays ira de l’avant dans l’acquisition de la bombe atomique, mais la décision doit être prise en premier » a-t-il affirmé. « Je pense qu’il s’agirait d’une énorme erreur et je ne pense pas qu’il (Khamenei) voudra franchir ce pas supplémentaire. Les dirigeants iraniens sont composés de gens très rationnels » a-t-il ajouté.

Toutefois, a-t-il nuancé, « j’admets qu’une telle capacité (nucléaire) dans les mains de fondamentalistes islamiques, qui pourraient à un certain moment se livrer à d’autres calculs, est dangereuse ». Quant à l’éventualité d’une opération contre les sites iraniens, le général Gantz a affirmé que « l’option militaire est la dernière en termes de chronologie, mais la première en termes de crédibilité. Si elle n’est pas crédible, elle perd sa signification. Nous nous y préparons de façon crédible. C’est mon job en tant que militaire ».

De son côté, le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, qui a rencontré pour la seconde fois en moins de quelques semaines son homologue américain, Leon Panetta, a confirmé les propos tenus par son chef d’état-major. « L’Iran n’a pas encore décidé de produire de bombes atomiques » a-t-il assuré à l’antenne de la radio publique israélienne. « Si les Américains, les Européens ainsi que nous-mêmes sommes déterminés, il y a une chance d’arrêter les Iraniens avant qu’ils ne parviennent à l’arme atomique » a-t-il ajouté. Cependant, il a averti que « toutes les options restent sur la table », dont bien évidemment une attaque contre les sites nucléaires iraniens.

Or, le 17 avril dernier, le même Ehud Barak affirmait sur les ondes de la radio militaire israélienne que l’hypothèse d’une opération militaire contre l’Iran restait d’actualité malgré la reprise des négociations entre le groupe 5+1 (membres permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et l’Allemagne) et Téhéran sur son programme nucléaire et cela d’autant plus qu’il voyait dans ces discussions un moyen pour le régime iranien de gagner du temps, ce qui lui permettrait d’améliorer la protection de ses installations controversées, comme par exemple l’usine d’enrichissement de l’uranium de Fordo, près de Qom

Au cours d’un déplacement au Etats-Unis, en mars dernier, le Premier ministre israélien, Benjamin Nenayahu, avait déclaré que l’on ne devait pas « permettre à l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire. » Et d’ajouter, devant le Comité américain des affaires publiques d’Israël (AIPAC) : « Mes amis, Israël a attendu, patiemment attendu, que la communauté internationale résolve le problème. Nous avons attendu que la diplomatie donne des résultats. Nous avons attendu que les sanctions donnent des résultats. Personne ne peut se permettre d’attendre plus longtemps. En tant que Premier ministre d’Israël, je ne laisserai jamais mon peuple vivre dans la crainte de la destruction ».

Alors, comment expliquer ces déclarations faites par le général Gantz, et surtout par Ehud Barak? Est-ce le coût d’une éventuelle guerre, estimé à plusieurs dizaines de milliards d’euros par Yariom Ariav, ancien directeur général du ministère israélien des Finances? Est-ce la crainte des conséquences géo-stratégiques?

Autre hyptothèse : il pourrait s’agir d’une manoeuvre afin de faire baisser la pression sur l’Iran pour mieux attaquer par surprise, comme cela été fait en 1981 avant le bombardement de la centrale nucléaire irakienne d’Osirak ou bien encore le réacteur syrien d’al-Kibar, en semptembre 2007.

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