Afghanistan : François Hollande donne des précisions sur le retrait des troupes françaises tout en restant flou sur les modalités

Selon le calendrier fixé par le président Sarkozy, les troupes combattantes françaises devront avoir quitté l’Afghanistan avant la fin de l’année 2013, c’est à dire une fois que le contrôle de la province de Kapisa où elles sont actuellement déployées sera transmis à l’armée nationale afghane. Par la suite, et conformément au traité franco-afghan signé le 27 janvier dernier à Paris, il est prévu d’établir une coopération avec Kaboul, notamment dans les domaines de la formation militaire et du développement économique et culturel.

Lors d’une conférence de presse donnée le 25 avril, le candidat socialiste à l’élection présidentelle, François Hollande, a été interrogé sur l’Afghanistan. Il a ainsi rappelé qu’il avait approuvé, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, la paticipation de la France aux opérations visant à frapper les taliban et à chasser le chef d’al-Qaïda mais qu’il s’était opposé au « changement dans le contenu même de la mission » en 2008.

« Ce qui devait être une opération pour aller chasser Ben Laden, pour conforter un nouveau régime, est devenu une force d’occupation et de confrontation avec les talibans » a-t-il expliqué, tout en rendant hommage, plus tard, aux militaires français tués ou blessés au cours de cette mission, lesquels ont, selon lui, « servi la cause de la démocratie et de la paix ».

Et de rappeler avoir « considéré, depuis longtemps, qu’il y avait un retrait à organiser ». Ce retrait (…) commencera au début de mon mandat et à la fin de 2012 les unités combattantes seront rentrées » a-t-il ajouté.

Cependant, ce retrait anticipé, qui devra en outre se faire dans de bonnes conditions de sécurité,  n’est pas sans poser de problèmes techniques et logistiques dans la mesure où il s’agira de rapatrier des centaines de véhicules blindés et des milliers de tonnes de matériels, alors même que les voies de sortie sont rares et coûteuses.

En effet, les routes passant par le Pakistan sont actuellement fermées – donc le port de Karachi reste inacessible – et les Républiques d’Asie centrale, qui constituent une alternative, demandent des droits de passage exhorbitants. D’où le choix fait, pour le moment, d’avoir recours, dans le cadre du contrat SALIS de l’Otan, à des Antonov qui transportent le matériel vers les Emirats arabes unis, d’où il est ensuite chargé à bord de navires civils.

Pour autant, cela ne constitue pas un argument pour François Hollande. « Les experts considèrent que ce n’est jamais possible, on ne peut jamais intervenir, jamais se retirer. A un moment, il faut qu’il y ait une décision politique » a-t-il affirmé le 18 avril dernier.

Cependant, hier, il a reconnu qu' »il restera sûrement du matériel, c’est ce que disent les spécialistes ». Mais cela ne semble pas lui poser de problème… « Nous verrons bien comment le retirer progressivement » a-t-il affirmé. « Il s’agira de trouver des ports, ce n’est pas si simple. Bref ces aspects logistiques seront traités » a encore ajouté François Hollande.

Sachant que l’Afghanistan n’a pas d’ouverture sur la mer, il serait intéressant de savoir de quels ports François Hollande parle… Quant au matériel laissé sur place et qui restera à rapatrier, qui s’en chargera?

D’autre part, il reste toujours une ambiguïté sur la nature des troupes concernées par ce retrait anticipé. Lors de la conférence de presse du 25 avril, François Hollande a parlé des « unités combattantes », ce qui laisse à penser que les militaires français chargés de la formation et de l’encadrement des forces afghanes devraient rester. Et, en effet, le 19 avril, le député corrézien a précisé, à l’AFP, que « la coopération Paris-Kaboul pour former des cadres militaires afghans continuera ».

Seulement, le lendemain, sur les ondes d’Europe1, interrogé à propos de cette déclaration, François Hollande a affirmé qu’il « n’est pas dit que ce ne soit que des militaires, d’ailleurs il peut y avoir des formations civiles qui peuvent être apportées. Mais l’objectif est de se retirer complètement et définitivement ». Et d’ajouter : « je le dis, la coopération ne sera pas militaire ». « Je ne veux mettre en danger personne mais je ne veux pas non plus que la France reste plus longtemps en Afghanistan » a-t-il insisté. C’est à en perdre son latin…

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]