La Russie pourrait autoriser l’ouverture d’un centre de transit de l’Otan sur la Volga

Pour le futur président russe, Valdimir Poutine, qui est encore Premier ministre, l’Otan est un « atavisme hérité de l’époque de la guerre froide (…) apparue dans un contexte de bipolarisation des relations internationales ». « Cependant, elle existe, c’est une réalité géopolitique, et il faut en tenir compte » a-t-il ajouté lors d’une intervention devant la Douma, le 10 avril.

L’on sait que Vladimir Poutine a souvent critiqué l’Otan par le passé. Et même encore, il l’a accusée de « mettre souvent le nez dans des affaires qui ne la regardent pas », comme par exemple en Libye, où elle a mené l’opération Unified Protector l’an dernier. « Mais dans certains cas cette organisation joue un rôle pour la défense de la stabilité dans le monde » a-t-il toutefois admis, en évoquant la situation afghane.

Or, pour la Russie, il est justement important que l’Afghanistan soit stable afin d’éviter une contagion islamiste dans les pays d’Asie centrale qui font encore partie de sa sphère d’influence et d’intérêts. A cela s’ajoute la nécessité de lutter efficacement contre le trafic d’héroïne, lequel passe par le territoire russe en provoquant des ravages sur le plan sanitaire.

Plus largement, l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), dont la Russie est membre, a fait part de son inquiétude au sujet de l’Afghanistan, une fois que l’Otan en sera partie. « A l’heure actuelle, le facteur afghan détermine un large éventail de menaces dans la région eurasienne » a ainsi déclaré Nikolaï Bordiouja, son secrétaire général.

« Nous estimons que le retrait envisagé de la Force internationale d’assistance à la sécurité ne tardera pas à aggraver la situation: les structures radicales et nationalistes intensifieront leurs activités visant à encourager les tendances contestataires et à accentuer les contradictions interethniques et interconfessionnelles dans les pays membres de l’OTSC » a-t-il ajouté.

De son côté, l’Otan a besoin de voies logistiques afin d’approvisionner ses troupes déployées en Afghanistan et, dans le même temps, poursuivre leur retrait progressif. Comme celles passant par le Pakistan sont actuellement fermées – et sans doute pour encore un long moment – et qu’il n’est évidemment pas possible de passer par l’Iran, la seule possibilité réside dans l’utilisation de ce que l’on appelle le Réseau de Distribution Nord (Northern Distribution Network), qui comporte plusieurs axes traversant la Russie et l’Asie centrale.

A cette fin, l’Alliance atlantique négocie avec Moscou un accord de transport aérien et ferroviaire de fret en provenance d’Afghanistan. Ainsi, si ce texte est accepté, l’Otan pourrait disposer de facilités à Oulianovsk, au bord de la Volga. Et comme les mots ont leur importance – ce projet ayant été contesté par le parti communiste russe – il n’est pas question d’établir une « base » mais un « centre de transit ».

« Il ne s’agit pas d’une base, je suis surpris d’entendre des questions à ce sujet. Ce nouveau site n’est pas une base ni un dépôt. Des avions y déposeront des cargaisons qui seront par la suite transportées par rail. Il ne s’agit pas de soldats ou d’armes, mais de matériels civils », a expliqué, le 10 avril, Robert Pszczel, le directeur du bureau de l’information de l’Otan à Moscou.

Quoi qu’il en soit, Vladimir Poutine s’est dit favorable à ce projet. « Nous devons déterminer de manière pragmatique ce qui nous est profitable et ce qui correspond à nos intérêts. Le maintien de la stabilité en Afghanistan correspond parfaitement à nos intérêts nationaux, et nous le disons ouvertement: nous apporterons notre concours à l’Otan et assurerons le transit » a-t-il déclaré.

« En ce qui concerne le site d’Oulianovsk, ce ne sera pas une base de l’Otan, mais un centre de transit pour le fret militaire acheminé par voie aérienne », a-t-il insisté. « Je vous assure que tout ce qui se fait dans ce domaine correspond entièrement aux intérêts nationaux de la Fédération de Russie et de notre peuple », a-t-il ajouté à l’adresse des députés russes.

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