Pour l’ISAF, les attaques « green on blue » ne sont « pas la norme »

Depuis le début de cette année, 17 militaires de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) ont été tués par des membres des forces de sécurité afghanes. C’est ce que l’on appelle des attaques « green on blue » (vert contre bleu, la première couleur étant supposée désigner une force neutre, la seconde, les troupes amies).

Ce phénomène tend à prendre de l’ampleur étant donné que 75% des attaques de ce type constatées depuis 2007 ont eu lieu au cours des deux dernières années. « Il y a une effritement de la confiance qui découle de tout cela. Mais je crois que nos relations (avec l’Afghanistan) sont malgré cela très profondes » a cependant estimé, le 26 mars dernier, le général John Allen, le commandant de l’ISAF, lors d’une rencontre organisée par la Brookings Institution, un centre de réflexion basé Washington. « Pour chaque événement de ce type qui arrive, vous pouvez compter par dizaines de milliers chaque jour le nombre d’interactions entre nos troupes, l’armée afghane et la police afghane », a-t-il ajouté, en soulignant que l’insurrection était à l’origine de 50% de ces incidents.

Lors d’une conférence de presse donnée le 2 avril, le porte-parole de l’ISAF, le général allemand Carsten Jacobson, n’a pas dit autre chose. « Même si l’insurrection se dit responsable de ces attaques, les revendications sont infondées et les preuves de l’implication des insurgés se chiffrent en unités » a-t-il déclaré.

« Ce que nous avons trouvé dans ces cas individuels, c’est que des erreurs avaient été commises ici ou là. Des papiers d’identité n’ont pas été vérifiés comme il le fallait, les lettres de recommandation de soldats faites par des chefs de villages n’étaient pas suffisantes, les tests de drogue n’ont pas été réalisés régulièrement, etc » a expliqué l’officier. « D’après nos recherches, dans une grande majorité des cas, des griefs personnels en sont la cause principale » a-t-il ajouté, en soulignant que pour certains d’entre eux, leur origine serait liée » au stress de soldats ayant vécu dans un pays qui a connu 30 ans de guerre ».

« Alors que des centaines de milliers d’hommes de la coalition et des forces de sécurité afghanes travaillent ensemble quotidiennement, ces attaques ne sont pas la norme » a encore estimé le général Jacobson.

Pour protéger les militaires de l’Otan, des mesures ont ainsi été prises, comme par exemple celle consistant à obliger les soldats afghans à déposer leurs armes quand ils se rendent dans une base de l’ISAF. Et des agents de contre-espionnage afghans sont à l’oeuvre dans les camps de recrutement pour tenter de repérer d’éventuels insurgés infiltrés parmi les recrues de l’armée ou de la la police.

« Il faut surveiller tous les changements de comportement d’un soldat qui revient de permission, il faut observer un soldat soumis à un stress considérable ou un soldat qui n’est pas parti en congé depuis un long moment », a expliqué le général Jacobson.

Cela étant, le fait que ces attaques ne soient pas systématiquement le fait de l’insurrection est sans doute encore plus problématique. C’est du moins l’analyse faite par Arturo Munoz, un chercheur de la Rand Corporation, un centre de réflexion basé en Californie, dans les colonnes de Star and Stripes.

« Ce serait un problème plus facile à traiter si ces attaques étaient tout simplement causées par l’infiltration (de l’insurrection) » a-t-il estimé. « Nous ne devrions pas être heureux (…) de voir que les gens dont nous sommes censées être les alliées sont tellement en colère contre nous que, pour leurs propres raisons, ils veulent nous tuer » a-t-il ajouté.

« Nous ne savons pas pourquoi cela (les attaques, ndlr) arrive. C’est ce qui m’inquiète » a confié Bruce Hoffman, professeur à l’Université Georgetown et directeur du Center for Peace and Security Studies. « Nous faisons des jugements et prenons des mesures sans vraiment comprendre le phénomène » a-t-il ajouté.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]