Les bons comptes du missilier MBDA

L’année 2011 aura été bonne pour le missilier européen MBDA, dont le capital est détenu par EADS, BAE Systems et Finmeccanica. Ainsi, l’an passé, le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 3 milliards d’euros, en progression de 5% par rapport au précédent exercice.

Avec un carnet de commandes estimé, au 31 décembre dernier, à 10,5 milliards d’euros, le groupe européen revendique entre 20 et 25% du marché mondial des missiles, lequel est estimé à 12 milliards d’euros en 2011.

Mais c’est surtout à l’exportation, principalement vers l’Asie, que le missilier compte se tourner à l’avenir. « En Europe, de fortes pressions sur l’ensembnle des budgets, et donc particulièrement sur les budgets de défense (…) ne pourront sans doute que s’accentuer dans les prochains mois » a expliqué son Pdg, Antoine Bouvier.

La part des exportations dans le chiffre d’affaires de MBDA s’est élevée à 30% en 2011. Il est donc question de la porter à 50% d’ici à 2020. Pour atteindre cet objectif, le groupe entend profiter des éventuel succès d’autres industriels de l’armement – français ou européens – sur les marchés étrangers.

Ainsi, le missilier a finalisé, au début de cette année, un contrat d’un montant de 900 millions d’euros portant sur l’acquisition de 493 missiles air-air Mica IR/EM destinés à armer les Mirage 2000 indiens, dont la modernisation a été confiée à Dassault Aviation et à Thales. Et ce n’est sans doute pas terminé car si constructeur français conclut, cette année, avec New Delhi, la vente de 126 avions Rafale.

En outre, selon LaTribune.fr, MBDA serait bien placé pour fournir des missiles surface-air VL Mica et antinavires Exocet block 3 des corvettes Gowind de DCNS, lesquelles seront construites localement par le groupe Boustead Naval Shipyard (BNS) quand la LOA (Letter of acceptance) sera acceptée définitivement.

Par ailleurs, et comme l’a souligné Les Echos, Antoine Bouvier a évoqué le programme de défense antimissile de l’Otan, adopté lors du sommet de Lisbonne, organisé en novembre 2010. Selon lui, si la France n’y consacre pas les investissement nécessaires, évalués entre 2 et 3 milliards d’euros sur les 10 prochaines années, elle sera obligée d’acheter « sur étagère » des systèmes américains.

Et cela pour une raison simple : à partir du moment qu’un programme est lancé par l’Otan, les Etats membres, compte tenu des règles en vigueur, sont tenus d’y participer, que ce soit financièrement ou en nature. Et il est possible que l’idée française de proposer de mettre à la disposition de cette défense antimissile ses systèmes SAMP/T (ou Mamba) ainsi que son futur satellite d’alerte avancée – qui reste à développer sur la base du démonstrateur SPIRALE – ne soit pas suffisante.

D’où le raisonnement du patron de MBDA : puisque des investissement devront être faits à un moment ou à un autre, autant qu’ils profitent aux industriels européens, et en particulier au groupe qu’il dirige, d’autant plus que ce dernier est bien placé pour constituer une alternative aux industriels américains sur ce dossier.

En attendant, le missilier est engagé dans des négociations avec la France et l’Italie pour obtenir un contrat concernant l’évolution vers le standard Block 1 NT de l’Aster 30, le missile intercepteur qui équipe le programme SAMP-T (Sol-Air Moyenne-Portée/Terrestre). Cette nouvelle munition devrait avoir une portée de 1.000 km. Quant à la version Block 2, elle serait susceptible de voir le jour à l’horizon 2020. Elle serait capable d’intercepter un engin balistique à 3.000 km de distance.

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