Elections 2012 : Les propositions de François Bayrou en matière de politique de défense

Le 14 mars dernier, François Bayrou a donné le détail de son programme pour la prochaine élection présidentielle. Là encore, et alors que la fonction qu’il brigue fera de lui, en cas de succès, le chef des armées, ses propositions en matière de politique de défense sont reléguées en dernière position.

Cela étant, le candidat centriste avait livré quelques détails sur ses intentions au sujet de la Défense lors d’un entretien récemment accordé à l’Express. « En tout état de cause, ma responsabilité sera d’assurer que tant qu’il y aura des menaces, la France ne baissera pas la garde et que sa dissuasion restera crédible » avait-il déclaré, après avoir indiqué son soutien à « l’action internationale de renoncement aux armes nucléaires ».

En outre, François Bayrou avait aussi affirmé sa « conviction » que « la composante sous-marine est complémentaire de la composante aérienne et, d’une certaine maniète en assure aussi la sécurité ». Et d’ajouter : « je ne crois pas que les sous-marins soient tous obsolètes (les plus récents ont 8 ans! – sic!) », alors que le Terrible, le dernier SNLE de la classe Triomphant, est entré en service en octobre 2010….

Quoi qu’il en soit, les positions affichées par François Bayrou en la matière ne sont très éloignées de celles défendues par son concurrent socialiste, François Hollande. Ainsi, le programme de l’élu béarnais confirme sa volonté de conserver les deux composantes de la dissuasion nucléaire, comme il l’avait annoncé à l’Express quelques semaines plut tôt.

Autre similitude avec les propositions de François Hollande : ne pas faire du budget de la défense une « variable d’ajustement » tout en lui demandant un « effort » qui « sera le même que celui qui sera imposé aux autres administrations publiques du pays ».

Tout dépendra donc du niveau des économies qui seront demandées à l’ensemble des ministères… Mais, quand dans le même temps, il est affirmé qu’en « matière de sécurité, la France doit maintenir intacte la capacité de sa Défense nationale », il s’agira pour les forces armées de faire aussi bien avec moins car il leur faudrait également maintenir une « capacité de projection des forces » et une « capacité de renseignement autonome ».

Quoi qu’il en soit, le programme de François Bayrou ne dit rien sur les conséquences que les efforts budgétaires, même au même niveau que ceux exigés pour les autres missions de l’Etat, auraient sur l’outil de défense. Faudrait-il une nouvelle réforme de la carte militaire? Tailler dans les dépenses de soutien et de logistique?

En outre, le projet du candidat centriste n’évoque pas clairement l’élaboration d’un nouveau Livre blanc sur la Défense et la sécurité nationale (LBDSN) mais cela revient au même quand il y est question « d’approfondir la réflexion stratégique, préciser le cadre stratégique puis faire adopter par le Parlement une nouvelle Loi de programmation militaire et la mettre en oeuvre sans reniements et sans à-coups ».

En outre, le programme de François Bayrou prévoit de « soutenir notre industrie de défense pour qu’elle soit non seulement le pivot de notre politique de Défenese mais aussi de notre politique industrielle ». Ce qui est somme tout attendu de la part d’un candidat qui souhaite « produire français ».

Le lien Armée-nation est également évoqué. Le texte souligne l’importance du rôle des armées « dans la promotion sociale aussi bien que dans la sécurité civile en cas de crise ». Il y est question de nouer « un dialogue constructif avec les anciens combattants et les associations patriotiques ». Et, dans le même paragraphe, il y est affirmé le maintien de « la gestion des ressources humaines de la Gendarmerie dans le périmètre du ministère de Défense ». Autrement dit, les gendarmes conserveraient leur statut militaire.

Enfin, et alors que le président du Modem est un partisan reconnu de la construction européenne, son projet reste vague quant à ses intentions en matière de défense européenne. Tout juste y est il écrit qu’il faut « promouvoir ardemment » cette dernière. Ce qui n’est guère engageant. Et il est à souligner que ce programme ne remet pas en cause le retour de Paris dans le commandement militaire intégré de l’Otan – la France aurait à « respecter ses engagements vis-à-vis de ses alliés », peut-on y lire.

Pourtant, François Bayrou avait été très critique à l’égard de la décision du président Sarkozy visant à faire réintégrer la France au sein des structures militaires de l’Alliance atlantique.

« C’est un changement de cap radical, qui porte atteinte au patrimoine historique et diplomatique de la France, et un tel choix ne peut pas se faire en catimini, simplement par entente au sein d’une majorité passagère. Il faut que ce soit une décision majeure du peuple français » avait-il affirmé, en février 2009, en qualifiant ce retour de « défaite pour la France et pour l’Europe ». « En nous alignant, nous abandonnons un élément de notre identité dans le concert des nations, y compris dans le concert des nations européennes » avait-il aussi estimé à l’époque.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]