Pentagone français : Le Canard enchaîné s’en sort bien

Dans son édition du 7 décembre dernier, Le Canard enchaîné faisait état de l’ouverture d’une information judiciaire au sujet d’une éventuelle affaire de corruption concernant l’attribution au groupement emmené par Bouygues du chantier du « Pentagone français », qui accueillera, d’ici 2014, les services du ministère de la Défense sur le site de Balard, dans le XVe arrondissement de Paris.

L’hebdomadaire satirique prétendait que le cahier des charges du projet avait été donné à un cadre de Bouygues avant même qu’il ne soit transmis à l’ensemble des concurrents intéressés par ce marché. Seulement, les deux juges d’instructions mis sur cette affaire en février 2011 ne prirent pas la peine, visiblement, de prendre contact avec les acteurs de ce dossier, que ce soit au ministère de la Défense et chez Bouygues.

En fait, et selon toute vraisemblance, l’information judiciaire ne concernerait pas le Pentagone français mais un chantier en cours concernant l’une des deux tours de la Cité de l’Air.

Quoi qu’il en soit, le groupe de BTP ne voulut pas en rester là. « Nous allons assigner ‘Le Canard enchaîné’ en diffamation dans les prochains jours pour avoir proféré des accusations infondées contre nous et laisser entendre que, dès lors qu’on est dans le BTP, on est malhonnête. C’est insupportable. Les dégâts en termes d’images sont énormes » déclara Martin Bouygues, son Pdg, au quotidien Les Echos. Ce qui fut fait, en réclamant au Canard enchaîné des dommages et intérêts d’un montant de 9 millions d’euros.

L’affaire a ainsi été examinée le 18 janvier lors d’une audience de la 17e chambre civile du tribunal de grande instance de Paris. Et cette dernière a rendu son verdict, le 14 mars. Et c’est une sorte de jugement de Salomon qu’elle a livré.

En effet, les magistrats ont estimé que les cinq passages incriminés de l’article publié par l’hebdomadaire sont bel et bien « diffamatoires ». Mais ils ont accordé aux auteurs le « bénéfice de la bonne foi », en jugeant qu’ils avaient réalisé une « enquête sérieuse ». Du coup, Bouygues a été condamné à verser 6.000 euros de frais de justice au Canard enchaîné.

Mais dans le même temps, la 17e chambre a également débouté l’hebdomadaire, qui demandait l’euro symbolique à Bouygues pour « abus de procédure », en considérant que « seul le montant des dommages et intérêts réclamé peut être considéré comme abusif » mais non la procédure lancée par le groupe de BTP.

« Bouygues se félicite que le caractère diffamatoire de la plupart des allégations du Canard enchaîné aient été reconnues par le tribunal de grande instance de Paris » a déclaré un porte-parole du groupe, dont les propos ont été rapportés par le site spécialisé BatiActu. « Nous nous félicitons également que le tribunal ait constaté que le Canard enchaîné n’a pas apporté la moindre preuve qu’une information judiciaire à l’encontre de Bouygues était ouverte » a-t-il aussi ajouté.

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