Le commandant suprême des forces alliées en Europe victime d’un faux profil Facebook

L’an passé, Zone Militaire avait évoqué l’existence d’un faux compte ouvert au nom de l’amiral Edouard Guillaud, le chef d’état-major des armées (CEMA), sur le réseau social Facebook.

Depuis, la fausse page a semble-t-il été supprimée. Mais à l’époque, l’on ne pouvait que faire des hypothèses sur les motivations de l’auteur de cette usurpation d’identité. Volonté de nuire à l’image du CEMA? Manipulation en vue d’obtenir des renseignements, sachant qu’un profil au nom de l’amiral Guillaud était susceptible d’attirer des militaires?

La réponse à ces questions a sans doute été donnée par l’affaire qui concerne l’amiral américain James Stavridis, le commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR). Cet officier, par ailleurs très au fait des opportunités offertes par le Web 2.0, dispose déjà d’un compte sur Facebook. Ce qui n’a pas empêché certains de créer une fausse page à son nom sur ce réseau social.

Ainsi, des responsables militaires de pays membres de l’Alliance atlantique sont tombés dans le panneau en acceptant les requêtes envoyées par le faux amiral Stavridis, et pire encore, en donnant des informations. D’après un communiqué de l’Otan, aucun renseignement militaire sensible n’a cependant été révélé aux administrateurs de la fausse page.

Mais ces derniers ont pu, semble-t-il, récupérer des coordonnées personnelles et des photographies familiales. Cela n’a l’air de rien, à première vue, car effectivement, aucun secret militaire n’a été livré. Seulement, les renseignements ainsi obtenus permettent de connaître l’état d’esprit, la situation familiale, voire les croyances, des officiers ainsi piégés. Et le fait d’avoir leur adresse de courrier électronique peut permettre de leur envoyer des messages piégés, contenant des logiciels espions.

Reste à voir qui est derrière tout ça… Selon la presse britannique,des responsables militaires et des diplomates ont confié que des « éléments de preuves » tendraient à montrer que cette manipulation serait l’oeuvre d’individus « soutenus par la Chine ». Ce que n’a pas officiellement confirmé l’Otan. L’an passé, une opération du même type, appelée « Night Dragon », attribuée à des pirates chinois, avait ciblé des cadres d’entreprises stratégiques.

Cela étant, cette pratique qui consiste à usurper l’identité de responsables militaires ou de dirigeants de groupes ayant des activités sensibles est devenue monnaie courante. Aussi, l’Otan est régulièrement en contact avec les administrateurs de Facebook pour effacer, dans un délai de 24 heures, les fausses pages créées afin d’induire en erreur les internautes.

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