Un nouveau chef pour les services de renseignement pakistanais

Dans un contexte marqué par des rumeurs portant sur la préparation d’un éventuel coup d’Etat militaire à Islamabad, le président Asif Ali Zardari, et son Premier ministre, Youssouf Raza Gilani, ont nommé le général Zaheer ul-Islam à la tête de l’Inter Service Intelligence (ISI), le puissant service de renseignement pakistanis, sur la proposition du général Ashfaq Kayani, le chef d’état-major de l’armée pakistanaise.

Pour être précis, ce dernier avait donné une liste de trois prétendants à la direction de l’ISI, ce qui a toutefois limité la marge de manoeuvre du pouvoir du pouvoir politique dans cette décision. Cela étant, l’actuel patron des services de renseignement pakistanais, le général Ahmed Shuja Pasha, nommé en septembre 2008, ne pouvait pas être reconduit étant donné qu’il aurait déjà dû quitter le service, ayant atteint la limite d’âge. Et aussi en raison des nombreuses affaires gênantes qui ont émaillé son mandat.

Ainsi, les attentats de Bombay ont été commis quelques semaines après son arrivée à la tête de l’ISI, lequel a été soupçonné par New Delhi d’avoir prêté main forte aux terroristes impliqués dans ces attaques.

Autre affaire gênante : celle du raid des Navy Seals contre la résidence d’Oussama Ben Laden, alors chef d’al-Qaïda, à Abbottabad, le Saint-Cyr pakistanais. Et il est difficile de croire que l’ISI n’était pas informé de la présence du chef terroriste au Pakistan, qui plus est à une cinquantaine de kilomètres d’Islamabad. Et cela a eu pour conséquence la dégradation des relations entre les Etats-Unis et le Pakistan, même si le général Ahmed Shuja Pasha passe pour avoir de bonnes relations avec des responsables militaires américains.

Par ailleurs, l’ISI reste accusé de soutenir le mouvement taleb afghan ainsi que le réseau Haqqani contre les troupes de l’Otan déployées en Afghanistan. Son prédécesseur, le général Nadeem Taj, avait d’ailleurs été évincé pour cette raison, à la demande de Washington, qui avait insisté pour qu’il fût remplacé par le général Shuja Pasha…

Enfin, l’affaire du Memogate, qui a mis au jour les dissensions entre le pouvoir civil et l’armée pakistanaise, n’a pas non plus contribué à redorer l’image de Shuja Pasha, dans la mesure où il a été accusé d’avoir cherché le soutien des pays arabes dans l’éventualité d’un coup d’Etat militaire.

Quant au général Zaheer ul-Islam, qui prendra officiellement ses fonctions le 15 mars prochain, l’on sait qu’il a été nommé commandant du 5e corps de Karachi en 2011, après avoir dirigé pendant trois ans le service « intérieur » de l’ISI.

D’après la presse pakistanaise, qui a cité ses proches, le général ul-Islam est un officier « honnête et travailleur ». Et même si, au cours de sa carrière, il a effectué plusieurs stages de formation aux Etats-Unis, il n’aurait pas établi de relations fortes avec ses homologues américains.

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