Nexter cherche à nouer des alliances en Europe

Dans un marché concurrentiel marqué par des prix tirés vers le bas par de nouveaux acteurs venus des pays émergents, Nexter, le spécialiste français de l’armement terrestre a vu, en 2011, son chiffre d’affaires reculer de 225 millions par rapport à l’exercice précédent pour s’établir à 851 millions d’euros.

Cette baisse du chiffre d’affaires, anticipée par Nexter, s’explique notamment par la fin des livraisons à l’armée française des systèmes d’artillerie Caesar. Cela étant, les fondementaux du groupe d’armement sont plutôt bons.

Ainsi, pour la sixième année consécutive, la marge opérationnelle consolidée de Nexter est supérieure à 10%. Lié en partie au chiffre d’affaires, le résultat net est aussi en repli pour s’établir à 114 millions d’euros mais ce chiffre « tient compte d’un niveau élevé de dépenses consacrées à la recherche et au développement » de sa gamme de produits et services, fait valoir le groupe.

D’autre part, les prises de commande ont progressé pour passer de 601 millions d’euros en 2010 à 633 millions, dont « 38% ont été réalisées à l’exportations et 68% par le pôle systèmpes du groupe ». Trois d’entre elles ont représenté 400 millions d’euros.

Au total, le carnet de commande de Nexter s’élève à 2,6 milliards d’euros, ce qui représente trois ans d’activité. Pour autant, la priorité de l’ancien Giat Industries est de gagner des parts de marché à l’exportation. D’où le lancement du plan « Grand large », lequel vise à réduire de 25% les coûts de revient pour gagner en compétitivité, et le lancement de nouveaux produits.

« Il y a une dizaine, une quinzaine d’années, nous étions très centrés sur les plates-formes, les armes, les munitions, a dit Philippe Burtin. Notre ambition est maintenant de faire de Nexter le fournisseur des forces terrestres pour tout ce qui peut les équiper en termes de systèmes, produits et services » a expliqué le le PDG de Nexter, Philippe Burtin, à Reuters.

Cela étant, même si cette politique semble porter ses fruits, Nexter cherche à nouer des alliances en Europe. C’est un serpent de mer, l’industrie de l’armement terrestre française (qui compte 4 acteurs si l’on ajoute Renault Trucks Defense, Panhard et Thales) a besoin de se restructurer afin de faire face à une forte concurrence dans le secteur.

Jusqu’à présent, les tentatives de rapprochement entre les différents groupes n’ont pas été concluantes, loin de là, notamment à cause du fait que le capital de Nexter est verrouillé par l’Etat, ce qui n’empêche le fabricant du char Leclerc de nouer des partenariats ponctuels, comme il l’a récemment fait avec Renault Trucks Defense (RTD) pour proposer conjointement un successeur au VAB de l’armée de Terre.

Toutefois, les choses commencent à évoluer, avec l’idée de faire fusionner la division munition de Nexter avec TDA, la filiale de Thales, afin de faire naître un ensemble qui pèserait 250 millions de chiffre d’affaires par an. En échange, l’électronicien prendrait 25% du capital de l’ancien Giat Industries.

Mais ce n’est semble-t-il pas tout. Ainsi, pendant que RTD et Panhard négocient leur éventuel rapprochement, Philippe Burtin a confié à Reuters que Nexter est en train de discuter avec les groupes allemands Rheinmettal et Krauss-Mattei Wegmann (KMW) ainsi qu’avec l’italien Oto Melara (filiale de Finmeccanica) et le finlandais Patria.

« Très clairement, face à une telle pression des pays émergents, la consolidation doit se développer – aussi bien la consolidation en France que des regroupements en Europe, a déclaré Philippe Burtin. L’ambition de Nexter est de participer à la consolidation en France et de préparer une alliance majeure en Europe » a expliqué le patron de Nexter.

Reste à voir quelle tournure prendront les discussions dans lesquelles le groupe français est engagé. Il y a quelques semaine, le ministre de la Défense, Gérard Longuet, a indiqué que la « privatisation totale de Nexter n’était pas à l’ordre du jour » et que l’Etat avait « la ferme volonté de rester le patron dans cette entreprise ».

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