Somalie : Les succès contre les miliciens Shebab restent à confirmer

Après avoir manqué de prendre le contrôle de Mogadisco, la capitale somalienne, les combattants des milices islamistes Shebab, qui ont récemment fait allégeance à Ayman al-Zawahiri, le nouveau chef d’al-Qaïda « central », sont désormais sur la défensive.

Tout d’abord, ces miliciens islamistes ont été contraints de se retirer de Mogadiscio, sous la pression des troupes gouvernementales et de l’Amisom, la force de l’Union africaine déployée en Somalie, armée par le Burundi et l’Ouganda. Et cette dernière continue son action puisqu’elle a conquis, ces jours derniers, de nouvelles positions, ce qui lui ouvre la voie à une éventuelle offensive contre le bastion insurgé d’Afgoye, situé à une trentaine de kilomètres au nord ouest de la capitale somalienne.

Dans le centre du pays, les Shebabs sont également sur la défensive face aux forces du gouvernement de transition somalien (TFG), épaulées par des troupes éthiopiennes, dont la nouvelle intervention en Somalie a été décidée en novembre dernier.

Ainsi, le 22 février, la ville de Baïdoa, située à 250 km au nord-ouest de Mogadiscio, est passée sous le contrôle des forces somaliennes et éthiopiennes, « sans un seul coup de feu », d’après un responsable militaire somalien. Visiblement, les Shebab ont préféré évacuer cette localité et éviter le combat.

« Les forces éthiopiennes, comptant plusieurs milliers d’hommes équipées d’armes lourdes et de tanks, sont entrées dans la ville » a expliqué cheikh Mohamed Ibrahim, un commandant Shebab. D’où le « repli tactique » des miliciens islamistes. « Le sang va à nouveau couler et les zones qu’ils ont conquises seront le tombeau des envahisseurs chrétiens et de leurs milices somaliennes apostates » a-t-il menacé.

La tactique des Shebab est simple : elle consiste à refuser le combat contre des forces bien équipées et nombreuses et à lancer des opérations de guérillas en se mêlant au sein de la population civile.

Et c’est ce que souhaite éviter, apparemment, l’armée kényane, engagée depuis octobre dernier dans le sud de la Somalie, après le rapt, au Kenya, de plusieurs touristes par des miliciens shebabs présumés.

« Nous pourrions avancer et prendre des villes et territoires aux shebab dès demain » a récemment confié un commandant kenyan à l’AFP. « Mais qu’est-ce qui se passerait ? Les shebab se mêleraient à la population pour attaquer, donc nous menons une opération de pacification pour ne pas mettre en péril les gains déjà engrangés » a-t-il expliqué.

Et de fait, la progression des forces kényanes est plutôt lente car, en 4 mois, elle n’a avancé que de 80 km en territoire somalien. La faute en revient aux pluies abondantes tombées dans la région, ce qui a empêché les blindés de progresser normalement à cause de la boue. Et depuis, les militaires kényans sont harcelés par les miliciens shebabs, ce qui freine davantage leur progression.

Cela étant, l’on ne sait pas trop quels sont ses objectifs opérationnels poursuivis par Nairobi, à savoir créer une zone tampon ou s’emparer du port de Kismayo, lequel est stratégiquement important pour les milices Shebab.

Quoi qu’il en soit, ces gains sur le terrain restent à confirmer. Tout d’abord, la question est de savoir si ces forces étrangères sont en mesure d’imposer un ordre durable dans les zones prises aux mains des miliciens islamistes. Le précédent de 2006, avec l’intervention militaire éthiopienne contre les « Tribunaux islamiques » incite à la prudence car, loin de ramener le calme dans le pays, elle a au contraire favorisé l’émergence des Shebab.

En second lieu, ces interventions militaires ont un coût financier. Et, manifestement, il y a des problèmes à ce niveau là pour l’armée kényane, les soldes de ses soldats envoyés en Somalie étant souvent versées en retard. Le troisième bémol concerne le faible équipement et la composition des forces somaliennes, constituées par des milices locales, issues de tribus. Et la fidélité de ces soldats ne va pas naturellement au gouvernement de transition mais le plus souvent à leur chef de guerre.

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