L’armée belge veut rester crédible

Selon le dernier rapport de la Banque nationale de Belgique (BNB), 1,3 millions de Belges sont payés par l’Etat (un sur trois). « Entre 2000 et 2010, l’emploi dans le secteur public a augmenté de 13% » a souligné le gouverneur de l’établissement. Et « si l’on enlève la Défense, qui a supprimé des emplois, la hausse est de 17% », a-t-il précisé.

A force de restructurations et autres plans de réforme visant à trouver des marges de manoeuvres budgétaires dilapidées ailleurs, l’armée belge a vu son format se réduire comme une peau de chagrin depuis la fin de la guerre froide, pour atteindre les 34.000 hommes (voire même 32.000). La musique est connue : il s’agit de tailler dans la masse salariale pour acheter des équipements.

Seulement, le renouvellement des matériels a aussi fais les frais des réductions budgétaires, ce qui est de nature à affecter la crédibilité de l’armée belge. Et cette situation inquiéte le chef de la défense belge (CHOD), le général Charles-Henri Delcour, qui, par ailleurs, ne cesse de mettre en garde le pouvoir politique contre les effets des coupes régulières dans les dépenses militaires du pays.

« Moyennant l’autorisation d’effectuer les transferts internes nécessaires, le budget 2012 pourrait être exécutable. La relance du rééquipement restera la pierre d’achoppement : un plan d’investissement devra rapidement être approuvé et sa réalisation devra recevoir le soutien politique voulu » a ainsi affirmé l’officier dans une note interne envoyée aux chefs de corps et dont l’agence Belga a obtenu une copie, la semaine passée. « C’est important car notre crédibilité interne tout comme à l’Otan serait touchée si aucun investissement nouveau n’était lancé en 2012 », a-t-il avancé.

Cependant, le général Delcour ne se fait pas d’illusions. « Les perspectives financières de notre pays sont cependant telles que ce plan d’investissement sera plus que modeste et nous allons devoir vivre plusieurs années avec le patrimoine de matériel existant » a-t-il constaté. Les « prévisions les plus pessimistes en matière de rééquipement » faites en 2011 se sont « malheureusement confirmées » a écrit le CHOD. Et « nous n’avons pratiquement pas lancé de nouveaux programmes » a-t-il déploré.

Par exemple, en juillet dernier, le PS belge s’était opposé à l’achat de 61 blindés MPPV (MultiPurpose Protected Vehicles) Dingo II destinés à la composante Terre de l’armée belge et d’un montant de 82 millions d’euros, estimant que cette acquisition était « superflue ». De même que les programmes AIV (Armored Infantry Vehicles, Piranha IIIC 8×8) et de maintenance des hélicoptères NH-90 ont été bloqués.

Cela étant, dans le cadre de la déclaration gouvernementale du Premier ministre belge Elio Di Rupo, un plan pluriannuel d’investissements devant prendre en compte « le niveau d’ambition » des forces belges, est en cours de préparation. Mais pour le général Delcour, il est « évident » que cela ne permettra pas de rattraper le retard accumulé depuis plusieurs années. La priorité sera donc mise sur « l’urgent et l’indispensable ».

En janvier, le ministre belge de la Défense, Pieter De Crem, a donné le détail des matériels concernés. Ainsi, il est question d’acquérir 61 Dingo II, des missiles AFAB-MR (anti-fortification and anti-armored vehicle) pour remplacer les Milan, deux patrouilleurs côtiers, des armes individuelles de 9mm ainsi que des véhicules incendie pour la composante aérienne. Une participation au programme de renseignement par satellité MUSIS a également été évoquée, de même que la recherche d’un partenaire international pour la maintenance des NH-90.

A plus long terme, il faudra également prévoir le remplacement des avions de combat F-16 (le ministre belge propose un achat mutualisé avec le Danemark et les Pays-Bas, ces deux pays ayant opté pour… le F-35), ainsi que celui des frégates M (classe Karel Doorman).

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]