Le candidat Poutine promet un effort « sans précédent » en faveur de l’armée russe

Le 4 mars prochain, le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, sollicitera les électeurs afin de récupérer sa place de président, occupée jusque-là par Dmitri Medvedev. Selon un sondage de l’institut public VTsIOM, il ne devrait pas se faire trop de soucis étant donné qu’il est crédité de près 60% des intentions de vote au premier tour.

Cela étant, l’ancien officier du KGB a pris la plume pour expliquer la politique qu’il entend mener en matière de défense. Ainsi, dans un article publié le 20 février par le quotidien RossiïskaIa Gazeta, il a promis un « réarmement sans précédent » de la Russie au cours des dix prochaines années.

Ainsi, le candidat a avancé un montant de 590 milliards d’euros pour moderniser les forces armées russes, avec l’acquisition de 8 croiseurs sous-marins, 20 sous-marins, 600 avions de combat, un millier d’hélicoptères, 2.300 chars, 28 régiments de système de défense aérienne S-400, 2.000 canons automoteurs, 50 navires de surface, etc…

En fait, un tel plan, chiffré à 474 milliards d’euros, a déjà été adopté l’an passé. Par conséquent, Vladimir Poutine ne fait que le prolonger et l’accentuer en rajoutant quelquels dizaines de milliards supplémentaires.

« Nous constatons l’émergence continue de nouvelles guerres régionales et locales » explique-t-il afin de justifier cette politique de défense. « De nouvelles zones d’instabilité et de chaos délibérément orchestré émergent. Il existe des tentatives d’initier de tels conflits aux frontières mêmes de la Russie et de ses alliés » ajoute Vladimir Poutine, sans pour autant nommer ceux qui chercheraient à destabiliser l’environnement proche de Moscou.

« Les principes de base du droit international sont dégradés et érodés, notamment en matière de sécurité internationale » poursuit le candidat. « Dans ces circonstances, la Russie ne peut pas s’appuyer sur les seuls canaux diplomatiques et économiques pour résoudre les conflits. Notre pays doit développer de manière suffisante son potentiel militaire dans le cadre d’une stratégie de dissuasion. C’est une condition indispensable pour que la Russie se sente en sécurité et que nos partenaires écoutent les arguments de notre pays » justifie-t-il.

Quant au bouclier antimissile que comptent déployer en Europe l’Otan et les Etats-Unis, Vladimir Poutine estime qu’il incite la Russie à prendre « des mesures décisives pour renforcer » le « système de défense aérospatiale ». Voilà de quoi ravir tous les nostalgiques de la guerre froide…

Alors que Moscou a indiqué vouloir prendre part à ce bouclier en prenant en charge les éventuels missiles amenés à survoler son territoire – ce que l’Otan refuse, préférant surtout un partage d’informations – Vladimir Poutine avoue que le système antimissile est « un projet coûteux et relativement inefficace à ce jour ».

Aussi, pour garantir « l’équilibre général des forces », le Premier ministre russe laisse entendre qu’il choisira « le développement » de capacités « à vaincre tout système de défense antimissile » et la protection du potentiel de riposte. « La réponse militaire et technologique de la Russie au bouclier antimissile américain, et à son segment européen, sera efficace et asymétrique », écrit-il.

Par ailleurs, Vladimir Poutine évoque aussi la région Arctique, où « les activités engagées par les principales puissances militaires mondiales (…) obligent la Russie à sécuriser ses intérêts dans la région ».

Reste à voir si ce programme en matière de défense aura les moyens de ses ambitions. Pour le candidat Poutine, cet effort en faveur de la « reconstruction » du complexe militaro-industriel russe n’aura pas les mêmes conséquences que celui fait il y a trente ans, lequel avait entraîné « la ruine de l’Union soviétique ».

Pourtant, en septembre dernier, l’annonce de la hausse importante des dépenses militaires russes avait contraint à la démission du ministre des finances, Alexeï Koudrine, qui, à l’époque, jugeait les hypothèses budgétaires trop optimistes.

Même si son endettement (20% de son PIB) n’est pas excessif, la Russie pourrait avoir recours à l’emprunt pour financer les promesses du candidat Poutine, d’autant plus que la défense n’est pas la seule priorité du pays (il faudra notamment payer les retraites d’une population vieillissante et rénover les infrastructures). A moins que le prix du pétrole continue de monter : il faudrait en effet un baril à 125 dollars, au minimum, pour équilibrer les comptes de la maison Russie.

Mais Vladimir Poutine ne voit pas les choses ainsi. « Les vastes ressources investies dans la modernisation de notre complexe militaro-industriel et dans le rééquipement de l’armée doivent servir de carburant au moteur de notre modernisation économique, afin de créer de la croissance et une situation dans laquelle les dépenses gouvernementales financent de nouveaux emplois, soutiennent la demande du marché et facilitent la recherche scientifique » croit-il.

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