Vers une réduction drastique de l’arsenal nucléaire américain?

L’on sait que, depuis le discours qu’il a prononcé à Prague en avril 2009, le président Obama souhaite voir le monde débarrassé de ses armes nucléaires. « Je ne suis pas naïf, cet objectif ne sera pas atteint rapidement, peut-être pas de mon vivant » avait-il affirmé à l’époque.

Depuis, les Etats-Unis et la Russie ont signé le traité « New Start », lequel limite à 1.550 le nombre de têtes nucléaires déployées que les deux pays peuvent chacun détenir. Seulement, il semblerait que Washington souhaite aller encore plus loin.

Info ou intox, toujours est-il qu’un responsable américain a confié que trois scénarios sont actuellement à l’étude afin de réduire significativement l’arsenal nucléaire des Etats-Unis, lequel leur coûte 50 milliards de dollars par an.

Ainsi, une première option prévoit de conserver entre 1.000 et 1.100 ogives nucléaires. La seconde hypothèse évoque un chiffre compris entre 700 et 800. Enfin, le scénario le plus radical parle d’en garder seulement 300, soit, grosso modo, l’équivalent au niveau de l’arsenal français.

Pour bien préciser les choses, il s’agit là des armes déployées, et non celles qui sont stockées, donc non opérationnelles immédiatement. « Aucune proposition n’a été faite au président » Obama, a cependant confié le responsable en question, lequel a précisé que « la réflexion n’en est qu’au stade préliminaire ».

De son côté, le Pentagone a confirmé que « le président a demandé au département de la Défense de développer plusieurs approches alternatives pour la dissuasion américaine ». Mais son porte-parole, George Little, n’a pas souhaité en dire davantage, les « détails étant classifiés ».

Quant au chef d’état-major interarmées, le général Martin Dempsey, il a invité les parlementaires à « ne pas trop s’inquiéter de ce que rapporte la presse à propis de ce processus très complet » au cours d’une audition devant une commission de la Chambre des représentants. Pour le plus haut gradé américain, il s’agit de « discussions internes sur notre future stratégie de négociations, notamment avec la Russie ».

La réduction éventuelle du format de la dissasion nucléaire américaine risque de cristaliser l’opposition entre les élus républicains et démocrates, les premiers étant très sourcilleux dès que l’on touche à la puissance militaire de leur pays.

Et cela d’autant plus que le parapluie nucléaire américain ne protège pas seulement les Etats-Unis mais aussi leurs alliés, à commencer par le Japon et la Corée du Sud. Pour les élus républicains, cela pourrait conduire ces pays à se doter de leurs propres forces nucléaires, à l’heure où la Russie et la Chine renforcent les leurs en mettant en oeuvre de nouveaux vecteurs.

A l’opposé, 65 élus démocrates ont fait valoir, l’automne dernier, dans un courrier adressé à la commission mixte mise en place pour trouver des sources d’économies dans le budget fédéral, que, la guerre froide ayant pris fin, il n’y avait aucune raison pour dépenser autant afin de maintenir un important arsenal nucléaire. « Ces fonds sont une ponction sur notre budget et un mauvais service à la prochaine génération d’Américains. Nous volons l’avenir pour payer des armes inutiles et du passé », avaient-il estimé.

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