Quelques précisions au sujet du Pentagone français

L’idée de regrouper les services du ministère de la Défense actuellement implantés à Paris sur le site de Balard, dans le XVe arrondissement, et de créer ainsi une sorte de Pentagone français ne manque pas de susciter des doutes, voire des critiques.

La Mairie de Paris a ainsi récemment une motion pour s’opposer à ce projet, du moins tant qu’une solution pour installer un garage de la RATP sur le site du futur « Balardgone » n’a pas été trouvée. Cette opération aurait dû permettre de construire des logements sociaux, lesquels sont une priorité pour le premier magistrat de la ville, Bertrand Delanoë.

Mais la principale question est de savoir si la construction du Pentagone français permettra ou non de réaliser de substantielles économies sur les dépenses de fonctionnement. Pour rappel, ce chantier a fait l’objet d’un contrat de Partenariat Public Privé (PPP) confié au groupement Opale Défense, emmené par Bouygues.

Ainsi, le coût de la construction du « Balardgone », estimé à 600 millions d’euros, est entièrement à la charge d’Opale Défense. En échange, le ministère de la Défense s’est engagé à verser, pendant 27 ans, une redevance annuelle comprise entre 100 et 154 millions d’euros, montant qui prend en compte des services annexes (informatique, entretien, restauration, etc…).

Dans un récent rapport concernant la réforme du ministère de la Défense, les députés François Cornut-Gentille (UMP) et Bernard Cazeneuve (PS) ont exprimé des points de vue différents sur ce sujet. Pour le premier, ce contrat permettrait de réduire au minimum de 18% le coût de fonctionnement par personnel. Pour le second, c’est tout le contraire puisqu’il a calculé une hausse de 27%, prenant un périmètre de comparaison plus large.

Du coup, du côté du PS, on a laissé entendre, le mois dernier, que le chantier du Pentagone français pourrait être abandonné en cas de victoire aux prochaines élections. Ce que le candidat socialiste à l’Elysée, François Hollande, n’a pas confirmé, étant donné que, lors de sa visite à la base des sous-marins de l’Ile-Longue, il a déclaré que le projet serait poursuivi mais que « ses modalités seraient regardées de près » s’il est élu président.

Quoi qu’il en soit, un abandon du Balardgone ne serait pas neutre pour les finances du ministère de la Défense car, selon Bruno Vieillefosse, le délégué pour le regroupement des états-majors et services centraux de la défense (DRESD), cela pourrait lui coûter « plusieurs dizaines de millions d’euros, voire davantage », respect du contrat oblige… A cela, il faudrait également faire une croix sur les recettes exceptionnelles tirées de la vente des emprises immobilières qui ne seraient plus libérées d’ici 2014.

Si, en revanche, le projet est maintenu, alors Opale Défense devra faire le nécessaire pour livrer le bâtiment dans les temps (sauf si un impondérable qui n’est pas de son fait l’en empêche, comme par exemple un retard dans la remise du permis de construire…). En effet, toujours d’après Bruno Vieillefosse, qui s’est confié au magazine Challenges, le contrat prévoit des pénalités de retard « vraiment dissuasives ».

Ainsi, si le Pentagone français n’est pas livré à temps, il sera demandé à Opale Défense de verser une pénalité quotidienne de 280.000 euros hors taxe pendant le premier mois (soit 8,4 millions). Et ce montant passera à 430.000 euros/jour au-delà. Et dans le même temps, le ministère de la Défense n’aura pas à verser de redevance, soit 360.000 euros par jour de retard.

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