L’arme des Transmissions fête ses 70 ans

Depuis que les hommes se font la guerre, la circulation de l’information a toujours été un facteur important, voire décisif. Et pourtant, l’arme des Transmissions de l’armée de Terre est relativement récente. puisqu’elle fête, ce 15 février, son 70ème anniversaire.

L’on peut faire remonter l’histoire des transmissions jusqu’à la bataille de Marathon, en 490 av JC, où victoire du général athénien Miltiade sur les troupes perses de Darius Ier fut annoncée à Athènes par le soldat Philippides après une course de 42 km. Il s’agit là du moyen le plus simple pour transmettre une information.

Plus tard, les Gaulois créérent un système de communication basés sur des signaux sonores, les messages étant transmis par des cris répétés, lesquels étaient repris jusqu’à leur destinataire. Lors de la révolte des Carnutes, l’empereur romain César sera d’ailleurs surpris de l’efficacité de ce procédé, qui aura permis de propager en moins de 12 heures, la nouvelle du soulèvement aux villages gaulois situés à 240 km de distance.

Les techniques de transmissions évolueront par la suite avec les pigeons voyageurs qui, adoptés par les légions romaines, joueront un rôle appréciable jusqu’à la Première Guerre Mondiale. Et elles franchiront un pas important au cours de la Révolution française, avec l’invention du télégraphe Chappe.

En 1798, il est créé l’Administration des Télégraphes, placée sous l’autorité du ministère de l’Intérieur. Pour autant, les moyens plus traditionnels, comme les estafettes, continuent d’être mis en oeuvre. Il faudra attendre 1867 pour qu’une première initiative dote les militaires d’un Service Télégraphique aux Armées. Puis, en 1900, les transmissions sont confiées à l’Arme du Génie. La même année, le 24ème Bataillon de sapeurs télégraphistes voit le jour au Mont Valérien.

De nouvelles techniques, dont le télégraphe électrique filaire et le langage Morse, la télégraphie sans fil (TSF) et surtout le téléphone, utilisé pour la première fois par l’armée française en 1894, côtoient des moyens plus anciens (pigeons voyageurs, télégraphe optique).

En 1910, le 24e Bataillon de sapeurs télégraphiste forme une compagnie de radiotélégraphistes avant de devenir, trois ans plus tard, le 8ème Régiment de Génie. Mais c’est au seuil de la Grande Guerre que de nouveaux principes vont apparaître, faisant entrer les transmissions dans une nouvelle ère.

Ainsi, grâce au lieutenant-colonel Gustave Ferrié et une équipe d’ingénieur particulièrement efficace, de nouveaux équipements sont mis au point, dont les stations TSF mobiles et les premiers systèmes de radiogoniométrie et d’écoute. La Tour Eiffel, décriée par certains esthètes au moment de sa construction, se révéle d’une importance capitale pour les communications de l’armée française.

Lors de la Première Guerre Mondiale, les transmissions vont jouer un rôle déterminant. Des milliers de kilomètres de lignes télégraphiques et téléphoniques sont ainsi posées pour permettre les communications entre le haut commandement et les unités engagées en première ligne.

Dans le même temps, il est apparu un besoin nouveau : celui de protéger l’information et d’espionner les réseaux adverses. C’est donc le début du « chiffre » et de la cryptologie. En France, le capitaine Painvin s’illustrera particulièrement en réussissant à décrypter un message allemand annonçant une grande offensive prévue pour le 9 juin 1918, permettant ainsi aux forces alliées de prendre les devants. Ce message déchiffré sera appelé le « radiogramme de la victoire ».

Seul unité française de sapeur-télégraphistes, le 8ème Régiment du Génie sera en revanche particulièrement exposé. Ses pertes s’élèvent à 1.500 tués et à plus de 6.000 blessés. Après la Grande Guerre, une partie des installations de TSF et de téléphonie militaires sont transférées aux PTT. En 1921, l’Ecole des liaisons et transmissions est créée, puis, deux ans plus tard, c’est au tour du Commandement supérieur des troupes et services de transmissions de voir le jour. Plusieurs bataillons de sapeurs télégraphistes sont alors formés au cours des années suivantes.

Mais cette semi-léthargie sera fatale lors de la campagne de France de mai-juin 1940, l’armée française ayant montré des insuffances en matière de transmissions. D’où la décision de créer l’Arme des Transmissions, le 15 février 1942, au sein de l’armée d’Armistice.

Cette dernière étant dissoute après le débarquement anglo-américaine en Afrique du Nord, en novembre de la même année, c’est le colonel Lucien Merlin qui reprend l’arme des Transmissions en main à d’Alger. L’officer crée ainsi le Corps Féminin des Transmissions (CFT), dont les membres, appelés les « Merlinettes », seront engagés lors des campagne de Tunisie et d’Italie. Certaines d’entre elles prendront part à des opérations spéciales en France occupée. Dans le même temps, la Résistance française s’appuie sur de jeunes transmetteurs clandestins, qui lui permettent de communiquer avec Londres. A la fin de la guerre, l’on compte 5.000 transmetteurs, répartis dans 21 compagnies.

En 1947, le 8ème Régiment de Transmissions, enfin formé, reçoit la garde du drapeau du 8ème Génie, sur lequel est inscrit « Résistance 1940-1944 » pour rendre hommage à ces transmetteurs clandestins.

Par la suite, l’Arme continue à se structurer, avec notamment la création d’une école d’application et d’une Direction centrale, les Transmissions. Et, en 1951, le Pape Pie XII lui donne un saint-patron, à l’instar des autres armes : ce sera Saint-Gabriel.

Après les guerres d’Indochine et d’Algérie, l’on parle désormais de « guerre électronique » après la création de la Compagnie autonomie d’écoute et de radiogoniométrie (CAER), laquelle deviendra, en 1958, la 785ème Compagnie de transmissions (et 785ème compagnie de guerre électronique de nos jours). Par ailleurs, il est mis en place, sur le territoire algérien, et pour la première fois, un système de transmissions global, faisant appel à des supports radio, filaires et hertziens.

Avec les progrès technologiques conséquents des années 1950-1960, avec notamment en matière de satellites, d’électronique et d’informatique, l’arme des Transmissions est dans l’obligation de s’adapter. Devenue une puissance nucléaire, la France se dote de moyens exclusivement militaires pour assurer ses communications entre le pouvoir et les forces armées. Le système RITTER (Réseau d’Infrastructure des Transmissions de l’Armée de Terre) est alors mis en place, afin de pouvoir activer la Défense opérationnelle du territoire (DOT).

Au niveau tactique, le système sécurisé et numérique RITA, (Réseau Intégré de Transmissions Automatique) entre en service dans les années 1980, puis c’est au tour du système SYRACUSE (SYstème de RAdioCommunication Utilisant un SatellitE) d’en faire de même, comme, aussi, le Système de Guerre électronique de l’Avant (SGEA) et le réseau SOCRATE, commun aux trois armées.

Actuellement, une dizaine d’unités de Transmissions font partie de l’ordre de bataille de l’armée de Terre. Pour la plupart, elles font partie soit de la Brigade de Transmission et d’appui au Commandement (28e RT, 40e RT, 48e RT, 53e RT et 41e RT), soit de la Brigade de Renseignement (54e RT, 44e RT, ces deux régiments étant spécialisés dans la guerre électronique).

Enfin, le 8e Régiment de Transmission, toujours implanté en région parisienne, a pour mission d’assurer le bon fonctionnement des télécommunications du ministère de la Défense, est subordonné à la DIRISI, la Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’informations.

Pour en savoir plus, consultez le site de l’Association pour la promotion de l’arme des Transmissions (APPAP)

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