Le choix de l’Inde en faveur du Rafale critiqué par Pékin

Depuis plus de 60 ans, les relations entre l’Inde et le Pakistan se caractérisent par une rivalité qui ne s’est jamais éteinte. Depuis 1947, année de leur indépendance, ces deux pays se sont affrontés militairement à trois reprises, notamment à cause du Cachemire. Cette situation les a conduits à se doter de l’arme nucléaire.

Autre adversaire de l’Inde : la Chine, par ailleurs alliée proche du Pakistan. Là, ce sont des différends territoriaux qui empoisonnent leurs relations, lesquels viennent s’ajouter à une rivalité pour la suprématie régionale.

Aussi, pour parer à toute éventualité, les militaires indiens ont adopté une doctrine dite de « double front », laquelle doit leur permettre de se défendre contre le Pakistan, mais aussi contre la Chine, notamment dans le nord de l’Himalaya.

D’ailleurs, d’après le directeur du renseignement national américain, James Clapper, qui a livré une estimation devant une commission du Sénat, la semaine passée, si l’armée indienne ne croit pas à un conflit imminent avec la Chine, il n’en reste pas moins qu’elle se renforce afin de se préparer à « un conflit limité le long de la frontière avec la Chine » et « travaille de façon à répondre auc capacités de projection chinoises dans l’océan indien ».

C’est donc dans ce contexte qu’il faut replacer la sélection de l’avion de combat français Rafale par New Delhi, dans le cadre de l’appel d’offres MMRCA (Medium Multi-Role Combat Aircraft), lequel vise à remplacer les MiG-21 actuellement en service au sein de ses forces aériennes.

L’on peut comprendre l’armertume de Londres et de Berlin, qui ont poussé la candidature de l’Eurofighter, l’appareil qui était en finale contre le Rafale à l’issue des évaluations de l’armée indienne. Mais ces deux capitales ne sont les seules : Pékin a aussi sévèrement critiqué la sélection de l’avion français par New Delhi.

Un article publié par la version en ligne du Quotidien du Peuple, qui est l’organe de presse officiel du Comité central du Parti communiste chinois, n’y va pas avec le dos de la cuillère.

« Un fois qu’elle (ndlr, l’Inde) disposera de ces avions de chasse, son armée de l’air sera renforcée, elle se sentira plus forte et plus hardie et elle aura alors l’audace et la témérité de d’affronter, de rivaliser et de se mesurer avec ses rivaux et adversaires potentiels et traditionnels : le Pakistan et la Chine » écrit ainsi le Quotidien du Peuple.

Et le journal de continuer dans la même veine : « l’Inde est en train de dépenser des dizaines de milliards de dollars US afin d’optimiser les armements de ses armées, ce qui selon elle est nécessaire pour faire face au ‘défi permanent’ lancé par les parties pakistanaise et chinoise, alors qu’en réalité cela provoque la course aux armements qui ne cesse de gagner en intensité. Et c’est justement à ce moment-là que la France vend à l’Inde 126 avions de chasse Rafale et son geste encourage celle-ci et excite et aiguillonne son appétit et son ambition de devenir une grande puissance militaire tout en intensifiant ses visées agressives et expansionnistes, ce qui constitue une sérieuse menace pour la paix et la stabilité en Asie ! ». Rien de moins.

Cependant, l’auteur de l’article semble avoir oublié l’opacité et la progression à deux chiffres du budget militaire chinois depuis plusieurs années, le développement d’armes spatiales, de missiles supersoniques antinavires et de l’avion furtif J-20 ainsi que la remise en état du porte-avions Varyag, dont a du mal à voir en quoi il pourrait servir uniquement à protéger les côtes chinoises.

La dernière bordée de cette publication du comité central du Parti communiste chinois vise spécifiquement Paris. « Dans notre monde actuel où la situation internationale est en évolution constante et où les conflits régionaux se produisent sans cesse et à tout moment, la vente effrénée, outrancière et sans retenue d’armes par la France ne peut que provoquer la préoccupation de la communauté internationale qui s’en inquiète gravement et sérieusement » estime-t-elle. Bien entendu, la Chine ne vend jamais d’armes… C’est à se demander où la Corée du Nord et l’Iran se sont procurés leurs missiles « made in China »… Si le Pakistan avait acheté des avions français, en lieu et place de l’Inde, l’on peut parier que la réaction chinoise aurait été toute différente…

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