L’Otan annonce un plan pour lutter contre l’infiltration de l’armée afghane par les insurgés

Au cours de l’été 2010, un programme visant à former 200 agents afghans aux techniques de contre-espionnage afin de détecter des insurgés éventuels dans les rangs de leurs forces de sécurité avait été mis place sous l’autorité le général américain William Caldwell, alors en charge de la formation des troupes afghanes au sein de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF).

Mais au final, cette mesure s’est avérée insuffisante. Moins de 500 agents de contre-espionnage ont jusqu’à présent été formés via ce dispositif. C’est peu au regard des effectifs de l’armée nationale afghane (ANA), qui, en raison de sa rapide montée en puissance, ne prend pas toujours la peine de vérifieer les antécédents de ses recrues.

Pire encore, le nombre de cas d’insurgés infiltrés dans les rangs des forces de sécurité afghanes tend à s’amplifier. L’assassinat de 4 militaires français par un soldat renégat de l’ANA, le 20 janvier dernier, en est un exemple. De même que la mort de deux légionnaires du 2e REG, dans des circonstances quasiment identiques, à la fin de l’année dernière.

Pour le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, avec une quarantaine constatés en 4 ans, dont 18 en 2011, ces cas restent « minoritaires ». « Quantitativement, c’est marginal, mais, médiatiquement, c’est insupportable », notamment pour « la crédibilité de l’armée afghane » a-t-il déclaré à l’issue d’une réunion avec ses homologues de l’Otan, ce 3 février.

D’où sa proposition faite à ses collègues de lancer un plan d’action visant à mieux lutter contre l’infiltration des forces de sécurité afghanes par les insurgés. Laquelle a été acceptée.

« Nous allons demander aux autorités militaires de mettre au point un plan de contre-infiltration et de le faire rapidement, d’ici à la fin février » a ainsi affirmé Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l’Otan. Selon un rapport confidentiel de l’Otan, les attaques d’insurgés infiltrés représenteraient 6% des pertes de la coalition.

Pour le moment, aucun détail concernant ce plan « anti-infiltration » n’a été donné. Et sans doute que l’on n’en saura pas plus tant que la mission de l’Otan en Afghanistan durera. Cela étant, il est probable, comme il avait été suggéré par Gérard Longuet, qu’il soit fait appel à la biométrie ainsi qu’à des enquêtes de personnalités plus précises.

« L’Afghanistan est un pays assez traditionnel (…) où les combattants ont leurs racines, leurs réseaux. On arrive assez bien à avoir des ‘certificats de moralité’ de la part des responsables locaux » a ainsi expliqué le ministre français.

Par ailleurs, il est également envisagé de réduire les objectifs concernant les effectifs des forces de sécurité afghanes, en se contentant de 230.000 hommes au lieu des 350.000 prévus. Cela permettrait de réduire les coûts de formation et d’équipement et de mieux contrôler le recrutement.

Plus tôt, le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, aurait également avancé l’idée de ramener de 11 à 4 milliards le budget annuel alloué à l’armée afghane. Cette mesure serait d’autant plus justifiée que le récent rapport de l’Otan concernant les relations entre les services pakistanais et les insurgés afghans a mis en lumière le jeu trouble de certaines unités de l’ANA, lesquelles collaboreraient déjà avec les rebelles dans le dos de la coalition.

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