Les conditions pour une éventuelle frappe israélienne contre le programme nucléaire iranien

D’après le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, il faudrait encore une année à l’Iran pour produire assez d’uranium enrichi afin de concevoir une arme nucléaire.

« Le consensus est que s’ils décident de le faire, cela leur prendra probablement environ un an pour être capable de produire une bombe et ensuite encore un ou deux ans pour l’installer sur un vecteur » a-t-il affirmé, le 29 janvier, lors de l’émission 60 Minutes, de la chaîne CBS.

« Les États-Unis, et le président a été clair là-dessus, ne veulent pas que l’Iran développe une arme atomique. C’est une ligne rouge pour nous, pour les Israéliens aussi manifestement, donc nous partageons un objectif commun ici » a encore déclaré Leon Panetta.

Quant à savoir s’il faut s’attendre à des frappes américaines contre les installations nucléaires iraniennes, le chef du Pentagone s’est contenté de répéter la formule habituelle, à savoir « toutes les options sont sur la table ». Mais « si on doit le faire, on le fera » a-t-il toutefois ajouté.

Cependant, il n’est pas certain que l’Iran veuille se doter de l’arme nucléaire. Du moins, une telle décision ne serait pas encore prise. Certes, le dernier rapport de l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA) a exprimé des soupçons quant à la nature militaire du programme iranien. Mais il semblerait que Téhéran rassemble tous les éléments nécessaires pour le développement de telles armes quand le régime des Mollahs aura décidé de s’en doter. Or, selon le  » National Intelligence Estimate », qui est une synthèse des positions des 16 agences de renseignement américaines, il semblerait que la question divise les dirigeants iraniens.

Cela étant, pour le journaliste israélien Ronen Bergman, spécialiste des affaires militaires, il est fort probable qu’Israël mènera une opération militaire contre le programme nucléaire iranien en 2012.

Dans un article publié par le New York Times, le journaliste a donné les critères que le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, lui a indiqué pour qu’une telle intervention se fasse.

Ainsi, en premier lieu, le gouvernement israélien veut être certain que les dégâts causés aux installations iraniennes soient assez important pour retarder significativement le programme de Téhéran en matière nucléaire. Autre critère, la capacité de la population israélienne et de Tsahal a faire face à une riposte.

Le soutien international, à commencer par celui des Etats-Unis, explicite ou non, est également une condition. Enfin, la décision d’une opération militaire israélienne dépendra de l’efficacité des mesures visant à freiner le programme iranien. En clair, il faudrait que les sanctions internationales soient jugées insuffisantes, de même que les actions clandestines (assassinats ciblés de scientifique, sabotages, virus informatiques, etc…).

Reste à voir si ces conditions seront réunies. Le succès des sanctions économiques prises contre Téhéran est loin d’être acquis mais ces dernières restent le seul moyen de pression avant d’envisager l’option militaire.

Quant à un soutien américain, voire même européen, à une opération isralienne contre les installations iraniennes, il n’en est pas question pour le moment. Au contraire même puisque Washington tente de modérer les dirigeants israéliens. Une telle éventualité aurait des conséquences sur le prix du pétrole, et donc sur l’économie mondiale, qui n’a pas besoin d’un nouveau choc pétrolier actuellement. Et en période électorale, ce n’est pas non plus l’idéal…

Enfin, pour qu’une opération militaire puisse retarder le programme nucléaire iranien, encore faudrait-il que les forces aériennes israéliennes aient les bombes adéquates pour détruire les sites d’enrichissement d’uranium enfouis et fortifiés, comme celui de Fordo. Or, selon le Wall Street Journal, même l’US Air Force n’aurait pas de telles munitions dans son arsenal, des responsables ayant confié que celles en dotation ne seraient pas assez puissantes pour infliger des dégâts suffisants et définifs aux sites souterrains iraniens.

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