Dassault contre-attaque en Suisse

En novembre dernier, et après de multiples rebondissements, les autorités suisses ont annoncé avoir retenu l’avion de combat Gripen, du constructeur suédois Saab, au détriment du Rafale de Dassault Aviation et de l’Eurofighter, en vue de remplacer les F-5 Tiger de leurs forces aériennes. Le contrat porte sur l’achat de 22 appareils pour 3,1 milliards de francs suisses.

« Ce n’est pas le meilleur appareil du monde, mais c’est celui qui présente le meilleur rapport qualité-prix et qui correspond le mieux à nos besoins » avait alors expliqué Ueli Maurer, le chef du Département suisse fédéral de la défense.

Cependant, le Gripen ne fait pas l’unanimité en Suisse. D’une part, il y a ceux qui considérent que le pays n’a pas besoin de nouveaux avions de combat en ces temps économiques difficiles. Et d’autre part, il y a ceux qui critiquent le choix de l’appareil suédois, arrivé en dernière position lors des évaluations techniques et qui auraient préféré le Rafale.

Et, la semaine passée, le Conseil national (la chambre basse du Parlement suisse) a mis en place une commission chargée d’enquêter sur les conditions d’attribution de ce contrat à Saab, après la diffusion d’une lettre signée par le « Groupement pour une armée crédible et intègre » faisant état d’irrégularités.

C’est dans ce contexte que Dassault Aviation a adressé un courrier aux présidents des Commissions de la politique de sécurité suisses dans lequel le constructeur français a fait une nouvelle offre nettement plus compétitive, en affirmant qu’il n’avait « jamais eu l’opportunité d’optimiser le rapport coût-efficacité ».

Selon le journal Le Matin, qui a eu accès à cette lettre, la nouvelle offre de Dassault porterait sur 18 avions Rafale au lieu de 22, optimisés au plus juste pour correspondre aux besoins des forces aériennes suisses, pour un montant de 2,7 milliards de francs suisses, soit 400 millions de moins par rapport au contrat « Gripen ».

Ainsi, les capacités air-sol seraient réduites tandis que l’avionique (radar AESA RBE2-AA, liaison 16, etc…) resterait la même. « La capacité opérationnelle des Rafale pour assurer une permanence aérienne est rigoureusement identique » a affirmé un informateur de la publication suisse.

D’après un haut-gradé cité sous couvert d’anonymat, les 18 avions français « rempliraient largement la tâche des 22 Gripen ». Et d’expliquer que « le module qui avait évalué la capacité de chacun des constructeurs à maintenir sur la durée différents types de missions arrivait à un rapport de 3 Rafale ou 3 Eurofighter pour 5 Gripen ».

Par ailleurs les coopérations militaires et techniques resteraient aussi valables. Pour mémoire, il avait été proposé la mise à disposition de bases et de zones d’entraînement françaises pour les pilotes suisses, ainsi qu’un accès aux simulateurs de vol et un soutien logistique.

En attendant, cette lettre de Dassault Aviation fera l’objet d’une discussion au sein de la commission du Conseil des Etats le 13 février prochain. Plus tard, en juin, le Parlement aura à se prononcer sur l’achat des Gripen proposé par le Conseil fédéral. En cas de rejet, Ueli Maurer a déclaré qu’il « faudrait recommencer l’évaluation au début, afin de mettre tout le monde sur un pied d’égalité ». A moins que les résultats de la « votation » concernant l’acquisition de nouveaux avions de combat ne fassent tout capoter…

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