Vers une intensification des opérations contre l’orpaillage clandestin en Guyane

L’orpaillage clandestin est un véritable fléau en Guyane, département d’outre-Mer stratégiquement important pour la France avec notamment le site spatial de Kourou et les possibles réserves de pétrole au large de ses côtes.

Cette activité illicite a plusieurs conséquences néfastes. Même si cela semble moins vrai actuellement que par le passé, les orpailleurs clandestins préférant maintenant opérer à l’abri de la canopée afin d’éviter le repérage aérien de leurs installations, la déforestation en est l’un des effets. Il y a aussi la pollution des cours d’eau par le mercure, utilisé pour amalgamer l’or. Et c’est sans compter sur la hausse de la délinquance et les trafics en tout genre.

Plusieurs actions ont été menées depuis 2002 pour tenter de mettre un terme aux activités des orpailleurs clandestins, souvent originaires du Brésil (les »garimpeiros »), et du Surinam voisins. En mars 2008, l’opération Harpie a été lancée afin de « paralyser l’approvisionnement des sites d’orpaillage clandestins » et de « détruire les chantiers ».

Ce sont donc un millier d’hommes (gendarmerie, armée de Terre, moyens aériens de l’armée de l’Air) qui sont mobilisés depuis dans le cadre de cette opération. Les missions que les militaires mènent sont dangereuses, les orpailleurs clandestins n’hésitant pas à faire le coup de feu. L’an passé, un gendarme a été gravement blessé au cours d’une intervention, dans les environs de la commune de Grand Senti, près de la frontière avec le Surinam. Et en juillet 2010, un jeune militaire du 1er RI, le caporal Julien Giffard, avait perdu la vie lors d’un contrôle fluvial sur la rivière Tampock.

Ces orpailleurs clandestins, qui seraient en environ 5.000, ne sont en effet pas des enfants de coeur et ils sont prêts à tout pour se disputer des territoires prometteurs quant à l’extraction d’or. La preuve en a été donnée avec la fusillade qui a éclaté entre deux bandes rivales dans les environs de Dorlin (sud-ouest) et qui aurait fait au moins 9 morts, alors que le président Sarkozy venait d’arriver à Cayenne. Et d’après le commandant de la gendarmerie en Guyane, le colonel Didier Laumont, l’un des deux groupe impliqué est soupçonné de détenir des armes de guerre.

Cela étant, l’opération Harpie n’a malheureusement permis d’éradiquer l’orpaillage illégal, seulement de le contenir. Pourtant, les militaires ne ménagent pas leur peine. Ainsi, en trois ans, le nombre de missions contre les chantiers illégaux est passé de 2.322 à 4.127. Et pour 2011, 200 pirogues, 400 moteurs, 200 quads et 300.000 litres de carburant ont été saisis. Mais il subiste une ombre au tableau : la prise d’or illégalement extrait n’est que de 12 kilos alors qu’il estimé qu’entre 5 à 10 tonnes du métal précieux quittent la Guyanne chaque année.

« Si c’est la saisie d’or pur, on a perdu. Si c’est éradiquer le problème, on a perdu. Si c’est rendre la vie des orpailleurs illégaux plus difficile, on a réussi. Si c’est de se dire qu’il faudrait prendre le problème autrement, on n’est pas loin de le penser » a résumé un responsable cité par France Guyane, le 14 janvier dernier.

Une autre source a confié au même média qu’il « n’y a pas de solution contre l’orpaillage. Ou alors il faudrait tenir les frontières, réduire le territoire et multiplier par deux ou trois les soldats et les gendarmes » et que les militaires « ne sont pas employés comme ils devraient l’être. D’autant qu’ils sont demandeurs. Ils sont préparés et formés pour la forêt. »

Lors de son discours devant l’état-major de l’opération Harpie, prononcé le 21 janvier, le président Sarkozy a annoncé une intensification des actions contre l’orpaillage clandestin.

« Nous allons inscrire à l’agenda parlementaire la création d’une infraction spécifique de transport non autorisé de produits destinés à l’orpaillage clandestin » a-t-il affimé, tout en promettant un « durcissement des peines » pour ces trafiquants.

Par ailleurs, le chef de l’Etat a appelé les pays frontaliers à s’engager également contre ce fléau. « Le Surinam va installer un poste avec 18 policiers et militaires pour lutter contre les orpailleurs clandestin » a-t-il annoncé. De même, le Guyana a accepté d’ouvrir un consulat à Cayenne, ce qui « faciliter le retour aux Guyana des immigrés irréguliers » a-t-il ajouté.

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