L’assassin des quatre militaires français est un « taliban infiltré depuis longtemps » dans l’armée afghane

D’après le ministre de la Défense, Gérard Longuet, l’homme qui a tué quatre militaires français et blessé une quinzaine d’autres au cours d’une séance de sport sur la base avancée de Gwan, en Kapisa, serait un « taliban manifestement infiltré depuis longtemps » au sein de l’armée nationale afghane (ANA). A noter sur les 15 soldats touchés, le pronostic vital est engagé pour « un certain nombre d’entre eux ».

En déplacement en Afghanistan, à la demande du président Sarkozy afin d’évaluer les mesures de sécurité qui peuvent être prises par les autorités afghanes pour éviter qu’un autre drame de cette nature ne se reproduise, Gérard Longuet a également précisé que l’auteur des tirs, un certain Abdul Mansour, serait âgé de 21 ans.

Mais le parcours du meurtrier aurait dû éveiller les soupçons et la méfiance des autorités afghanes, étant donné qu’il s’agit d’un ancien soldat de l’ANA, ayant déserté pour aller l’on ne sait où (probablement au Pakistan), avant de revenir s’engager une nouvelle fois dans l’armée. Il était affecté à Gwan depuis environ deux mois.

Quoi qu’il en soit, les taliban afghans ont revendiqué l’attaque contre les militaires français et affirmé avoir recruté le soldat auteur des coups de feu. « L’émirat islamique d’Afghanistan a recruté des personnes occupant d’importantes fonctions. Certains ont déjà accompli leurs missions. Certains ont déjà accompli leurs missions » a ainsi affirmé le porte-parole du mouvement taleb. Cela étant, ces déclarations sont toujours à prendre avec des pincettes.

Toujours est-il qu’il est certain que les insurgés afghans ont adopté une tactique visant à infiltrer les forces de sécurité afghanes, où le cas échéant, les personnels civils amenés à travailleur auprès des soldats de la coalition internationale.

« Au cours de l’année 2011, dix attentats de soldats infiltrés ont eu lieu; l’attentat contre le général Wardar au sein de son ministère a ainsi été conduit par un taliban revêtu de l’uniforme de l’armée nationale afghane. Si ces dix attentats sont tous de trop et insupportables, il faut en comparer le nombre avec les 280 000 soldats de l’ANA, hors forces de sécurité. Leur raison d’être est liée à une nouvelle tactique des talibans. Ceux-ci, s’ils ne peuvent développer de contrôle massif du territoire, n’en sont pas moins imaginatifs, réactifs et pourvus d’un réel sens de la communication. Ils utilisent ces actions d’éclat comme supports de leur action politique. Ils se mettent ainsi en devoir d’instiller le doute sur la coopération entre les forces de la coalition et l’ANA. Il reste que ce type d’action reste marginal. Notre partenariat avec la troisième brigade est relativement prometteur » estimait récemment Gérard Longuet, devant la Commission de la Défense de l’Assemblée nationale.

Alors que faire? Les forces françaises doivent-elles continuer leur mission en Afghanistan, laquelle consiste à faire en sorte que les forces afghanes soient en mesure de prendre le relai à partir de 2014, avec le risque de se faire tirer encore une fois dans le dos, ou bien doivent-elles se retirer plus tôt que prévu, comme l’a évoqué le président Sarkozy, ce qui donnerait ainsi l’impression de plier bagage devant les insurgés, et avec tout ce que cela suppose, notamment en terme de logistique. Et c’est sans parler sur les conséquences d’une telle décision sur les opérations de la coalition…

La solution passe certaineement par une meilleure sélection des recrues de l’armée afghane. A cette fin, un programme de l’Otan visant à former des agents de contre-espionnage afin de repérer les insurgés infiltrés dans les rangs des forces de sécurité afghanes avait été mis en place en 2010.

Seulement, la tâche est très difficile, étant donné que pour atteindre les objectifs dont l’échéance arrive en 2014, l’ANA a massivement recruté sans trop regarder les antécédents de ses nouveaux engagés.

Le chef d’état-major des armées (CEMA), l’amiral Guillaud, qui accompagne le ministre de la Défense en Afghanistan, a notamment évoqué l’utilisation d’un système « d’identification biométrique » des candidats à un engagement dans les forces de sécurité afghane. A partir de quels éléments d’identification et de comparaison (il faudrait avoir en effet les informations biométriques d’insurgés dans une base de données… Et tant qu’un individu n’est pas classé comme tel, il n’y figurera pas, CQFD)  et avec quels protocoles? Mystère.

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