En cas de victoire de François Hollande, la France restera dans les structures militaires de l’Otan

Bien qu’il ait défendu la motion de censure déposée en avril 2008 par le Parti socialiste à l’Assemblée nationale pour s’opposer au retour de la France au sein du commandement militaire de l’Otan, que cette dernière quitta après une décision prise en 1966 par le général de Gaulle, François Hollande ne devrait pas faire machine arrière en cas de victoire à la prochaine élection présidentielle.

« On nous dit, monsieur le Premier ministre, que ce serait en échange de l’acceptation d’un pilier européen au sein de l’Otan, alors même qu’aucune preuve – aucune – ne nous a été apportée, seulement quelques mots dans un communiqué des États-Unis, au sortir du sommet de l’Otan, et auxquels la présidence française s’est accrochée pour bien faire comprendre qu’elle avait obtenu là une concession de taille. Eh bien, je vous l’affirme : cette décision de revenir dans le commandement militaire de l’Otan est fâcheuse!  » avait-il pourtant déclaré à la tribune de l’assemblée nationale, le 8 avril 2008.

« L’Otan est dans une fuite en avant, ses missions l’éloignent de ce qu’elle est et doit rester – une alliance militaire – pour la faire devenir l’organisation politique de l’Occident. Ce que le président Bush veut faire de l’otan – et pas simplement lui – c’est une « ligue de démocraties », selon la formule de Mc Cain, le candidat républicain. » (…) « L’Otan, dans ce schéma, deviendrait le bras armé d’un bloc occidental dont la mission principale serait de défendre partout les valeurs de l’Occident », avait-il expliqué.

« Revenir dans le commandement intégré de l’OTAN n’est pas un choix qui peut être pris par un seul. Il s’agit de rien de moins que de l’indépendance de la France. Et le Président de la République ne peut, seul, s’arroger le droit de décider de l’indépendance de la France ! » avait encore poursuivi François Hollande. Et d’enfoncer le clou : « Car pourquoi mettre fin, aujourd’hui, à un choix stratégique décidé en 1966 par le général de Gaulle? »

Ironie de l’histoire, la décision de l’homme du 18 juin de quitter les structures militaires de l’Alliance atlantique avait été fermement critiquée par François Mitterrand, pour qui il s’agissait « d’une volonté d’isolement fondée sur l’idée que le nationalisme est la vérité de notre temps ». Et quarante ans plus tard, les positions ont été inversées : les socialistes critiquant le retour de la France dans ces mêmes structures militaires, voulu par un président de la République issu d’une formation gaulliste…

Maintenant, si les électeurs choisissent l’alternance politique en mai prochain en portant majoritairement leurs suffrages sur le candidat socialiste, la question de savoir ce que ferait François Hollande à l’égard de l’Otan se pose. A première vue, l’on pourrait croire qu’il reviendrait sur la décision prise par Nicolas Sarkozy, étant qu’il s’y était opposé.

Eh bien selon Yves Le Drian, son conseiller en matière de politique de défense, ce ne sera, a priori, pas le cas. « On garde notre place. On ne l’aurait pas fait, mais on ne va pas tout défaire » a-t-il déclaré au sujet du retour de la France au sein des structures militaires de l’Otan. Pour rappel, l’accord conclu entre le PS et Europe Ecologie – Les Verts pour les élections législatives prévoit une évaluation « des effets » de cette réintégration et parle d’un « pillier européen ». En revanche, le président de la région Bretagne a indiqué que François Hollande a l’intention d’encourager « l’Europe de la défense, que ce soit sur un plan opérationnel ou industriel », considérant que « rien n’a été fait depuis 2007 ».

Le constat est cependant un poil injuste, car ce serait oublier les accords de défense conclus entre Paris et Londres en novembre 2010, la mise en place de l’European Air Transport Command (EATC), les initiatives – certes non concrétisées – prises dans le cadre du Triangle de Weimar ou le lancement des opérations Atalante ou Eufor Tchad. Et le souci, en Europe, c’est que la volonté d’un seul ne suffit pas à emporter l’adhésion de tous, voire même de quelques uns…

Quoi qu’il en soit, et l’on ne peut que s’en féliciter, François Hollande a l’intention d’aborder les affaires militaires au cours de la campagne électorale. Ce qu’il a d’ailleurs déjà commencé à faire en publiant une tribune dans le Nouvel Observateur afin d’affirmer son attachement à la dissuasion nucléaire. En outre, il a été autorisé à se rendre à l’Ile-Longue (29), où sont basés les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la Force océanique stratégique (Fost). Cela sera l’occasion d’aborder les questions liées à la politique de défense. Selon Yves Le Drian, cette thématique sera évoquée « succintement » le 22 janvier prochain, à l’occasion du premier grand discours du candidat socialiste, ainsi que, plus largement, en mars prochain, devant « un public spécialisé ».

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