L’armée taïwanaise sur la voie de la professionnalisation

Le concept de « soldat-citoyen » est une nouvelle fois en recul. Après l’Allemagne et la Suède, qui ont suspendu le service militaire pour passer à un modèle d’armée professionnelle, c’est au tour de Taïwan d’en faire de même.

Il s’agit là de l’application d’une promesse électorale faite par l’actuel président taïwanais, Ma Ying-jeou, qui, membre du Kuomintang, a été élu en 2008. Normalement, si le calendrier est respecté et, surtout, si les ressources pour cette transformation sont suffisantes, Taïwan disposera d’une armée de métier d’ici 2014.

Bien que la République populaire de Chine considère Taïwan comme étant une province rebelle, et qu’à ce titre, elle fait peser une menace sur l’île au point que les dépenses militaires de cette dernière représentent 2,6% de son PIB, la jeunesse taïwanaise se sent très peu concernée par les questions de sécurité, mais aussi et surtout, l’esprit de défense. L’on parle ainsi de « génération fraise ».

Celle qui a trouvé cette expression, Christina Ongg, présidente de Career Consulting, a expliqué qu’elle voulait ainsi décrire des « jeunes qui, à peine arrivés sur le marché du travail, montrent des caractéristiques communes. Par exemple, ils ont pour eux d’être dynamiques et novateurs, d’être prêts à remettre en question les préjugés, de comprendre vite, d’être indépendants et – capables de raisonner. Mais ils ont aussi des défauts, en particulier un quotient émotionnel assez faible – ne sont pas persévérants, sensibles ni flexibles et démontrent un fort égocentrisme. » Et d’ajouter : « Comme les fraises, les jeunes sont élevés dans un environnement privilégié, leurs parents leur donnent tout. »

Actuellement, la conscription concerne tous les jeunes hommes de 18 ans, lesquels peuvent toutefois demander un report s’ils sont étudiants. Au terme de leur service, d’une durée de 16 mois, ils sont versés dans la réserve. Seulement, le phénomène de « génération des fraises » fait que le niveau militaire de ces conscrits n’est pas à la hauteur de ce qu’il devrait être.

D’où un argument supplémentaire pour la professionnalisation de l’armée taïwanaise, qui, à terme, verra ses effectifs passer de 275.000 à 215.000 hommes. Ainsi, les jeunes hommes nés après 1994 seront exemptés de service, les autres qui n’auront pas encore rempli leurs obligations militaires à cette date auront à accomplir un service civil.

Cela étant, le ministère taïwanais de la Défense a mis en place un dispositif qui n’a absolument rien à voir avec la Journée Défense et Citoyenneté (JDC, ex JAPD, Journée n’appel de préparation à la défense) française. En effet, si la conscription est appelée à disparaître, les jeunes de l’île auront toutefois à effectuer 4 mois de classes, divisés en deux parties : l’une sera consacrée à la formation militaire de base, l’autre, à une formation spécialisée. Une fois qu’ils auront accompli ces formalités, ils seront ensuite considérés comme réservistes, avec la possibilité d’être mobilisés en cas de conflit armé.

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