Inquiétudes britanniques au sujet du F-35

Quelles conséquences auront sur le programme F-35 « Joint Strike Fighter » les coupes budgétaires qui vont affecter le Pentagone au cours des dix prochaines années? La réponse à cette question intéresse au plus haut point le ministre britannique de la Défense, Philip Hammond, dont le pays a prévu de se doter de la version navalisées de cet appareil pour équiper son futur porte-avions, le Prince of Wales.

D’ailleurs, il n’est pas le seul à s’inquiéter. Ou du moins il ne devrait pas l’être. Plusieurs pays ont acquis cet avion sur le papier, c’est à dire sans savoir ce qu’il vaut vraiment en opération. Outre celui des Etats-Unis et du Royaume-Uni, donc, c’est aussi le cas des Pays-Bas, de l’Italie, du Danemark, de l’Australie, du Canada, d’Israël, de la Norvège, de la Turquie, qui vient d’en commander deux exemplaires et, plus récemment, du Japon.

Développé par Lockheed-Martin, le F-35, qui se décline en trois versions (A, classique, B, décollage vertical/atterrisage court, C, naval), connaît des difficultés de mise au point, ce qui a causé non seulement des retards par rapport à l’échéancier prévu mais aussi des surcoûts, au point que le prix de cet appareil a augmenté de 50% et dépasse désormais les 100 millions de dollars. Qui plus est, les essais en cours semblent ne pas donner une pleine et entière satisfaction.

Le Pentagone a commandé 2.443 exemplaires de cet appareil, pour équiper l’US Air Force (version A), l’US Marine Corps (version B) et l’US Navy (version C). Et face à l’envolée des coût – on parle de Trillion Program outre-Atlantique – dans un contexte de contraction des dépenses militaires, il est enviagé d’étaler la livraison des appareils prévus pour l’armée américaine.

Concrétement, Lockheed-Martin devait produire 423 appareils entre 2013 et 2017 pour l’armée américaine. L’idée, afin d’économiser 15 milliards de dollars, serait de décaler la livraison de 120 appareils après 2017. C’est du moins ce qu’ont déclaré trois responsables américains à l’agence Reuters. Et cette mesure permettrait de donner à l’avionneur plus de temps pour fixer les problémes techniques constatés au cours du développement du F-35.

Cela étant, il ne s’agit là que d’une piste de réflexion. Il est également possible que le Pentagone décide de diminuer sa commande initiale. Mais quoi qu’il en soit, ces deux options ne font de toute façon pas l’affaire du Royaume-Uni.

« S’il y a le moindre retard dans le programme, une réduction du nombre de commandes aux Etats-Unis, cela aura un impact sur le coût unitaire » a estimé le ministre britannique de la Défense, lors d’un déplacement à Washington. Et le prix est une variable cruciale étant donné que Londres a effectué de sévères coupes dans ses dépenses militaires.

« Nous sommes déjà sous pression de la part de l’opinion publique au Royaume-Uni sur le fait que nous allons construire et lancer un porte-avions plusieurs années avant d’avoir un avion à mettre dessus (…) donc tout retard supplémentaire pour la version porte-avions (du F-35) serait inquiétant pour nous » a encore affirmé Philip Hammond.

En attendant, le ministre britannique et son homologue américain, Leon Panetta, ont signé une lettre d’intention concernant la mise en place d’une coopération en matière de capacités aéronavales. En effet, il est question que les Etats-Unis entraînent les pilotes birtanniques qui seront affectés sur le futur porte-avions de la Royal Navy.

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