Le maire de Paris s’oppose à la construction du Pentagone français

La construction d’un Pentagone à la française est la mesure emblématique des réformes appliqués aux forces armées. Ce projet de 600 millions d’euros, financé dans le cadre d’un Partenarit Public Privé confié à un groupement emmené par Bouygues, doit permettre de rassembler, d’ici 2015, sur un site unique, à Balard, dans le XVe arrondissement de Paris, les services du ministère de la Défense implantés dans la capitale. Les emprises ainsi libérées – à l’exception de l’Ecole Militaire et des Invalides – permettront de récolter des « recettes exceptionnelles » qui compenseront en partie les efforts budgétaires demandés à l’Hôtel de Brienne.

Autant dire que ce projet ne doit souffrir d’aucun retard. L’an passé, l’on a appris que ce Pentagone français ne respecte pas le Plan Local d’Urbanisme (PLU), lequel prévoit, sur une partie des terrains où il doit être construit, l’aménagement d’un garage pour les bus de la RATP, lequel est pour l’instant situé à la Croix-Nivert, également dans le XVe arrondissement, et où la Mairie de Paris envisage de faire construire entre 450 et 500 logements sociaux.

Cela a conduit le ministère de la Défense a lancer, en septembre, une procédure de déclaration de projet, laquelle permet à l’Etat de modifier le PLU pour des projets d’intérêt général, ce qui est le cas pour le futur Pentagone français. Cette procédure est une façon de sécuriser juridiquement ce chantier et d’éviter d’éventuels retards.

Seulement, compte tenu de l’évolution démographique de Paris, qui a gagné 110.000 habitants en 10 ans, le logement est un dossier prioritaire pour Bertrand Delanoë, le maire de la capitale, qui a promis d’y consacrer 40% des investissements de la ville en 2012. Et le passage en force du ministère de la Défense pour la constuction du Pentagone français ne fait pas du tout son affaire, étant donné que l’impossibilité de transférer le dépôt de bus de la RATP vers le site de Balard empêchera la construction des logements sociaux à la Croix-Nivert.

D’où son coup de sang, lors de ses voeux pour 2012. « Il n’y aura pas de Pentagone, je m’y opposerai de toutes mes forces, s’il n’y a pas de notamment des 500 logements » a ainsi lancé Bertrand Delanoë. « Ce serait un crime pour Paris que de faire ce ministère de la Défense en sacrifiant 500 logements aussi indispensables à Paris et au XVe arrondissement » a-t-il ajouté.

Cette sortie de Bertrand Delanoë lui a valu une réponse de la part de Jean-François Lamour, le président du groupe UMP du Conseil de Paris et élu du XVe arrondissement. En bon sabreur qu’il a été, l’ancien ministre des Sports a fait valoir que « cette attaque d’une agressivité assez peu commune à l’occasion de voeux est déplacée » et que « ce projet (ndlr, de Pentagone), indispensable aux armées françaises, est mené selon les règles ». Et d’ajouter : M. Delanoë « fait fait référence à cet espace de la Croix-Nivert qui est occupé par la RATP et elle n’a aucune intention de quitter cet entrepôt, veut-il expulser la RATP? » s’est-il demandé.

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