Le président Sarkozy veut que la France conserve sa capacité à « se défendre » et à « hausser le ton sur la scène internationale »

Pour ses voeux aux Armées, le président Sarkozy a choisi cette année de se déplacer à Lanvéoc-Poulmic pour visiter l’Ecole navale. Après une démonstration du nouvel hélicoptère Caïman, entré récemment en service au sein de la Flottille 33F, le chef de l’Etat a prononcé son traditionnel discours à l’intention des militaires et des personnels de la Défense.

Pour commencer, le président Sarkozy a rendu un hommage aux deux sous-officiers tombés la semaine passée en Afghanistan, « dans un pays qui n’est pas le leur, pour protéger les populations civiles contre le pire des fanatismes religieux ». Et de confier : « Chaque fois que je prends la décision d’engager nos forces, je sais que, malgré nos efforts et malgré nos moyens, il se peut que certains ne reviennent pas vivants. Ce poids de la décision, je le porte comme vous portez l’angoisse du combat (…). C’est peut-être là le poids le plus lourd de la responsabilité confiée au chef de l’Etat ».

Et, une nouvelle fois, Nicolas Sarkozy a mis en avant les valeurs inhérentes au métier des armes pour les donner en exemple. « Honneur, patrie, valeur, discipline. Ces quatre mots sont chers aux marins. Ils sont inscrits en lettre de bronze sur tous nos navires et dans le hall d’honneur de cette école. Ils résument parfaitement le sens de votre engagement et celui de vos camarades des autres armées » a-t-il affirmé. « Plus que jamais la France a besoin d’exemple d’unité, de solidarité et de courage que vous démontrez quotidiennement », a-t-il ajouté.

Pour appuyer son propos, le président Sarkozy a même cité le commandant Hélie Denoix de Saint Marc, qu’il a récemment élevé à la dignité de Grand’Croix de la Légion d’honneur. « De toutes les vertus, la plus importante me paraît être le courage, les courages, et surtout celui dont on ne parle pas et qui consiste à être fidèle à ses rêves de jeunesse » a-t-il dit, cette phrase étant tirée du texte « Que dire à un jeune de vingt ans » écrit par l’ancien officier du 1er REP.

Cette cérémonie des voeux a aussi été l’occasion de revenir sur les évènements de l’année 2011, particulièrement chargée pour les forces françaises, qui ont eu à gérer de front plusieurs engagements, que ce soit en Côte d’Ivoire, en Afghanistan, en Libye, au Liban, au Kosovo ou encore au large de la Corne de l’Afrique.

« Nos armées ont connu une profonde transformation et leur format est encore en cours d’adaptation. Conduire simultanément plusieurs opérations sur différents théâtres, intérieurs ou extérieurs, tout en réduisant le format de nos armées de 54000 militaires, est un exercice difficile. C’est un défi et vous avez su le relever », a ainsi reconnu le président Sarkozy.

Quant aux opérations extérieures, il a évoqué la mission menée en Libye, dont « le succès (…) ne fait que conforter le choix de réorganisation qui ont été faits. Harmattan a en effet mobilisé des composantes des trois armées et de tous nos services de soutien, dont je tiens à saluer ici l’excellente réactivité et la remarquable efficacité » a-t-il déclaré.

« Vous pouvez être fiers de vos chefs militaires qui ont remarquablement coordonné nos moyens et ont permis des interventions sans pertes humaines » a encore affirmé Nicolas Sarkozy, qui a rappelé que cette opération avait pour « seul but » celui « d’empêcher une massacre programmé et proclamé ». « Une fois encore, l’armée française fut l’armée de la liberté » a-t-il lancé.

Autre mission extérieure : l’Afghanistan, « où nos troupes sont aujourd’hui confrontées au travail le plus délicat », selon le chef de l’Etat. Après deux réductions successives des effectifs du contingent français déployé sur ce théatre d’opération, le président Sarkozy a indiqué qu’il préciserait « le plan définitif » de retrait à l’issue d’une rencontre à Paris avec son homologue afghan, Hamid Karzaï, prévue pour la fin janvier.

Enfin, le président Sarkozy a abordé la question du maintien des capacités militaires de la France, et notamment celle de la dissuasion nucléaire, à l’heure où l’incertitude plane sur leur avenir en raison des prochaines échéances électorales et surtout de la crise de la dette qui affecte la zone euro.

« Notre puissance n’est pas seulement économique, elle est aussi diplomatique et militaire », a ainsi rappelé le chef de l’Etat. « C’est peut-être le plus bel héritage que nous ait laissé le général de Gaulle. D’une France vaincue et occupée, il a fait une France dont la voix portait à nouveau car elle pouvait être redoutable. Cette capacité à nous défendre et à hausser le ton sur la scène internationale quand les événements l’exigent, nous ne l’abandonnerons jamais » a-t-il ajouté.

Et cela passe par le refus de coupes budgétaires dans les crédits affectés aux forces armées. « Conserver un haut niveau d’expertise technologique et scientifique nous donne une indépendance indispensable et une avance stratégique que certains de nos grands partenaires n’ont déjà plus » a estimé le président Sarkozy, qui a rappelé que le budget du ministère de la Défense a été maintenu depuis 2007, « ce qui représente un effort considérable dans le contexte actuel » et que la loi de programmation militaire a été « excutée dans le respect global de son architecture ». Et d’ajouter : « Il n’y a pas d’indépendance nationale, dans des pays qui ne sont pas capables d’assumer leur défense par eux-mêmes. »

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