Les sous-marins restent le point faible de la marine chinoise

Pendant longtemps, la Chine n’a pas considéré le développement de sa marine comme étant prioritaire, la mission des marins chinois se bornant alors à la défense des côtes du pays contre une éventuelle invasion.

Ce n’est qu’à partir des années 1980 que les choses ont commencé à évoluer, avec l’adoption du concept de « défense active des mers proches », puis, plus récemment, de la stratégie « d’opérations dans les mers lointaines », dictée par la nécessité de rendre plus sûres les voies d’approvisionnement en matières premières et en pétrole du pays.

Par ailleurs, la Chine revendique la propriété de plusieurs territoires dans son proche environnement, comme les Paracels, l’archipel des Spratleys et les îles de Senkaku, ce qui donne d’autant plus régulièrement lieu à des tensions régionales que les sous-sols de ces territoires recèlent des hydrocarbures et autres ressources.

D’où la montée en puissance de la marine chinoise observée depuis quelques années, ce qui n’est pas pour rassurer les voisins de Pékin, qui s’arment en conséquence, ainsi que les Etats-Unis.

Désormais, la composante maritime de l’armée populaire de libération est la troisième du monde en terme de tonnage et compte 225.000 marins, 50 frégates, 27 destroyers et 58 sous-marins.

Seulement, en matière de submersibles, la Chine accuse un certain retard, en partie dû à la Révolution culturelle, laquelle mit hors-circuit l’académie navale sous-marine de Qingdao pendant quelques années, ainsi que l’amiral Huang Xuhua, le responsable du programme des sous-marins nucléaires chinois condamné en tant qu' »intellectuel ».

Quoi qu’il en soit, avec le développement du sous-marin nucléaire lanceur d’engin (SNLE) Jin/Type 097 (1 en essai, 2 autres en construction), des sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) Shang Type 093 et des sous-marins classiques Yuan Type 041 et Song Type 039 (14 en service), Pékin a mis les bouchées doubles pour se doter d’une flotte sous-marine moderne, au point que cela a fini par préoccuper les responsables du Pentagone.

« Les Etats-Unis devront également faire face à des systèmes de combat sous-marins de plus en plus sophistiqués, dont nombre de sous-marins ‘discrets’, lesquels pourraient mettre un terme à la sanctuarisation opérationnelle que notre marine a connue dans le Pacifique occidental durant la majeure partie des soixante dernières années » estimait Robert Gates, l’ancien patron du Pentagone, en mai 2010, lors de la Navy League Sea-Air Space Exposition.

Depuis 2007, les sous-marins chinois, qui se montraient jusqu’alors peu en raison de problèmes techniques et de pénurie de personnels qualifiés, sortent plus souvent de leurs bases. Si certains s’inquiétent de cette activité, elle a au moins le mérite de permettre d’en apprendre plus au sujet de ces bâtiments.

En effet, les sorties des sous-marins chinois sont autant d’occasions pour l’US Navy de les pister avec des avions espions et des navires ASM afin de récolter des données intéressantes concernant leurs performances et surtout le bruit qu’ils produisent.

En matière de lutte anti-sous-marine, le bruit est un des facteurs les plus importants. Faut-il rappeler que plus un submersible est silencieux, moins il risque de se faire repérer et donc, d’être détruit?

Or, selon les dernières évaluations qu’a pu ainsi faire l’US Navy et dont Wired se fait l’écho, il se trouve que, hormis ceux de la classe Kilo livrés en 1995 par la Russie, les sous-marins chinois construits localement « sont encore plus bruyants » que leurs homologues « russes vieux de 20 ans ».

Et de préciser que « les nouveaux sous-marins chinois peuvent être détectés ‘dans la 1ère zone de convergence’, un anneau situé environ à 25 nautiques d’un submersible en plongée, où les ondes sonores se regroupent. »

Pour le moment, l’US Navy garderait donc toujours sa supériorité à l’égard de son homologue chinoise, d’autant plus que cette dernière met en oeuvre 19 sous-marins conventionnels Ming Type-035 mis en service à partir de 1975 et au moins 7 de la classe Romeo, dont la conception remonte aux années 1960. Cela représente près de la moitié de sa flotte de submersibles. Si en plus ses nouveaux navires se font détecter facilement, la prophétie de Robert Gates mettra du temps à se réaliser. Mais quand elle le sera, cela fera probablement du bruit.

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