De faux gendarmes piègent les adeptes du streaming

Regarder ou télécharger gratuitement des films ou des émissions généralement diffusées sur des chaînes cryptées via des sites de streaming , telle est la parade que certains internautes – de plus en plus nombreux dit-on, un site basé à Hong-Kong revendiquant plusieurs millions de visites uniques mensuelles en provenance de France – ont trouvé pour éviter les sanctions de la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet (HADOPI), dont l’action se concentre actuellement sur le téléchargement « Peer to Peer ».

Les sites qui permettent ce genre de pratiques sont dans le collimateur des autorités. Récemment, le président Sarkozy a indiqué vouloir s’y attaquer avec une troisième mouture de la loi Hadopi. « Sur les sites de streaming, l’idéologie du partage, excusez-moi, c’est l’idéologie de l’argent. Je vole d’un côté et je vends de l’autre. Qu’on ne me demande pas de soutenir cela » a-t-il en effet déclaré le 18 novembre dernier, lors d’un forum à Avignon.

Et sans attendre une évaluation de ce phénomène par l’HADOPI, attendue pour le premier trimestre 2012, trois ayants droits représentants de la filière du cinéma et de la vidéo ont assigné en justice des fournisseurs d’accès et des acteurs majeurs d’Internet (Google, Microsoft, Yahoo…) de bloquer certains sites de streaming.

Quoi qu’il en soit, cela a donné des idées à quelques petits malins. Plusieurs internautes ont effet été victimes d’une publicité malicieuse (malvertising), qui a infecté leur ordinateur via un virus quand ils ont visité un site de streaming piraté.

Et ils ont pu ainsi voir s’afficher une page avec l’en-tête de la Gendarmerie nationale – ou de la police allemande – leur indiquant que leur ordinateur est bloqué car ils se sont livrés à des activités frauduleuses et que leur matériel sera saisi s’ils ne s’acquittent pas dans les trois jours d’une amende de 200 euros, payable via Ukash/Paysafecard – un dispositif utilisé notamment pour les sites de jeux en ligne. S’affichent également l’adresse IP de l’internaute, ainsi que le nom de son fournisseur d’accès ainsi que le lieu de sa connexion.

Pour l’internaute lambda, et la peur du gendarme aidant, on peut aisément imaginer la panique qui doit le saisir à la vue de cet avertissement. Et comme il n’a plus la main sur son ordinateur, il peut être tenté de payer l’amende demandée. La technique est imparable. Ou presque.

Cependant, plusieurs détails révèlent la supercherie, à commencer par les fautes d’orthographe contenues dans le message. Le logo de la gendarmerie, ainsi que celui de la République française, semblent être pris sur… Wikipedia. Et ce ne sont pas ceux qui figurent habituellement sur les documents officiels. Enfin, les gendarmes ne bloquent pas les ordinateurs et ne demandent pas de payer des amendes en ligne : si vous êtes coupables d’une infraction, ils viennent d’abord vous voir et des poursuites peuvent éventuellement être engagées contre vous.

Selon Malekal’s Site, qui a révélé l’ampleur de ce phénomène tout en proposant des moyens pour s’en débarrasser, il s’agit d’un virus appelé « ransomware », qui profite de la non mise à jour de certains logiciels pour contaminer les ordinateurs sur lesquels ils sont installés.

Reste à voir ce que risqueront les auteurs de cette arnaque, si jamais ils sont identifiés. Vraisemblablement, les internautes piégés hésiteront à porter plainte, étant donné que le streaming n’a pas bonne presse et qu’ils peuvent penser qu’il est illégal. Cela dit, la Gendarmerie nationale pourrait les poursuivre, étant donné que ces pirates ont usurpé ses fonctions.

Photo : capture d’écran du faux avertissement (c) Commentçamarche.net

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