Le F-35 donné vainqueur de l’appel d’offres japonais

La géostratégie est l’un des facteurs clés pouvant expliquer le succès ou l’échec d’un avion de combat proposé dans le cadre d’un appel d’offres. Un nouvel exemple est en passe d’être donné au Japon.

En décembre 2010, Tokyo a publié son programme de défense nationale pour les dix prochaines années. Parmi les mesures recommandées figurait la nécessité de remplacer les avions F-4 Phantom des forces aériennes d’auto-défense japonaise.

A cette fin, un appel d’offres, évalué à 6 milliards d’euros, a récemment été lancé. Trois constructeurs se sont mis sur les rangs : Lockheed-Martin a proposé le F-35 Lightning II, encore en cours de développement, Boeing a soumis le F-18 Super Hornet et le consortium européen Eurofighter, allié à Sumitomo, a présenté son appareil, le Typhoon.

Pour convaincre Tokyo, le directeur du programme Eurofighter chez BAE Systems a mis dans la balance d’importantes concessions, avec la promesse que les Typhoon seraient assemblés et mis à niveau par l’industrie nippone. « Nous sommes également en mesure d’offir les codes sources des logiciels et d’autres données, ce qui permettra au Japon de pouvoir développer lui-même l’avion dont il a besoin maintenant et dans le futur » a-t-il déclaré, en octobre dernier.

Mais manifestement, la proposition d’Eurofighter n’a pas fait le poids face au lobbying américain et surtout à la relation historique et stratégique qu’entretiennent Tokyo et Washington. Car, selon le quotiden économique japonaius Nikkei, c’est l’offre la plus coûteuse et qui semblait la plus faible, c’est à dire celle concernant le F-35 Lightning II, qui serait en passe de l’emporter. La décision doit faire l’objet d’une annonce officielle le 16 décembre, à l’issue d’un conseil de sécurité du gouvernement.

Qualifié de « trillion programme » aux Etats-Unis, en raison de l’explosion de ses coûts (+77% depuis 2002, année de son lancement), le F-35 Lightning II, encore appelé Joint Strike Fighter, n’est pas ménagé par les critiques, même au sein du Pentagone puisque le responsable de ce projet, le vice-amiral David Venlet, s’est récemment dit « surpris » par le « nombre de modifications » ainsi que par « leur coût », lesquelles sont nécessaires pour pallier aux différents points faibles mis en évidence à l’occasion des essais de cet appareil.

Une des raisons que l’on peut avancer pour expliquer le choix japonais, s’il est confirmé (ce que n’a pas fait le ministère de la Défense nippon), est à chercher du côté de la Russie et de la Chine, ces deux pays, avec lesquels Tokyo a des différends territoriaux, mettant actuellement au point des avions furtifs, avec respectivement le T-50 et le J-20. Aussi, la furtivité de l’appareil devant équiper au moins deux escadrons des forces aériennes d’autodéfense japonaises aurait été un critère déterminant.

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