Le dernier geste du colonel Robert Jambon

Le 27 octobre dernier, le colonel des Troupes de Marine Robert Jambon s’est tiré une balle dans la tête au pied du monuments aux morts d’Indochine érigé à Dinan. Ce n’est que plusieurs semaines plus tard que l’on appris les raisons de ce geste, qui, selon la lettre qu’il a laissée, n’est pas un suicide, mais un « acte de guerre ».

Cet ancien de la guerre d’Indochine, alors âgé de 86 ans, a voulu, par cet acte, dénoncer le sort de la minorité Hmongs, avec laquelle il combattit et qui est actuellement durement réprimée par le Laos communiste, qui ne leur a jamais pardonné de s’être rangée aux côtés des Français, puis des Américains lors de la guerre du Vietnam.

En tirant sa « dernière cartouche », le colonel Robert Jambon, promu au grade de commandeur de la Légion d’Honneur le 5 mai dernier, a ainsi voulu exprimer « sa part de honte » devant « la lâche indifférence de nos responsables face au terrible malheur qui frappe nos amis » Hmongs.

En 2010, cet ancien officier avait été choqué par la décision de la Thaïlande consistant à renvoyer au Laos 4.200 Hmong qui avaient fui les persécutions du régime laotien et surtout indigné par la relative indifférence de la France et des Etats-Unis.

« A part deux ou trois brefs communiqués, que personne n’a repris mais qui pourroint, plus tard, servir d’alibi, et ce sont toutes les ‘belles consciences brevetées’ qui sont restées muettes, enveloppant dans un linceul de silence les 4.200 H’mongs partis pour leur dernier voyage » a-t-il écrit dans sa lettre expliquant son geste.

Un exemple de cette ingratitude parmi d’autres envers cette minorité : au début de cette année, le Pentagone a refusé de rendre les honneurs militaires lors des obsèques du général Van Pao, qui prit la tête d’une armée secrète Hmong, levée pour les besoins de la CIA….

« Quant à vous, les gouvernants sans honneur, vous, les grands ‘médias’ sans courage et vous, les ‘collabos’ sans vergogne, je vous crache mon sang et mon mépris à la gueule! » a encore écrit cet ancien colonel, pour qui les mots « honneur » et « fidélité » avaient encore un sens.

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